Milan 2015 : Agriculture et qualité des eaux

9 juin 2015 - La rédaction 
Pour ce sixième rendez-vous des Mercredis du Pavillon France, Marc Voltz, directeur de l'unité « eaux et polluants » du laboratoire d'études des interactions entre sol, agro-système et hydro-système de Montpellier, apporte les clés pour comprendre le débat sur la compatibilité entre l'agriculture et la qualité des eaux.

Entre 1960 et 2000, pour répondre à la demande mondiale sans augmenter les surfaces agricoles, l'agriculture s'est intensifiée en multipliant notamment par huit les quantités d'azote apportées aux cultures et par douze les quantités de pesticides. On observe depuis plusieurs années des problèmes généralisés de contamination des rivières par les pesticides. En France, cette contamination est généralisée sur tout le territoire, avec 69% des eaux contaminées au dessus du seuil limite de la potabilité de l'eau instauré par l'UE.
 
Divers mécanismes de pollution des eaux 
La contamination de la ressource en eau par les pesticides s'opère dans un premier temps par voie aérienne. En effet lorsque les agriculteurs pulvérisent sur leurs parcelles des produits phytosanitaires, 30% à 50% des pesticides peuvent se perdre dans l'atmosphère pour se redéposer ensuite sur le sol ou dans l'eau. Les pesticides qui atteignent directement le sol ou qui y sont redéposés sont ensuite entraînés par l'action de la pluie dans les nappes pour se retrouver plus tard dans les rivières. Ils peuvent également, par ruissellement, atteindre directement les cours d'eaux. Ainsi, du fait des diverses trajectoires empruntées par les molécules suite à l'épandage, il est souvent difficile, lorsqu'on constate la contamination d'une rivière, d'en déterminer la cause. 
 

Des leviers d'actions pour limiter les contaminations
Afin de protéger la qualité de la ressource en eau, les agriculteurs, mais aussi les politiques et les industriels peuvent agir sur plusieurs leviers d'action. On peut tout d'abord imaginer supprimer de la commercialisation les molécules ayant des impacts environnementaux trop forts ou réduire de manière globale l'usage de pesticides. En 2008, suite au Grenelle de l'environnement, le plan Ecophyto a été mis en place avec pour ambition de réduire de 50% l'usage de pesticides d'ici à 2050. On se rend compte aujourd'hui qu'il ne sera pas possible d'atteindre cet objectif, premièrement parce qu'on n'a pas toutes les solutions techniques pour y parvenir, mais également du fait de l'inertie du système économique et social du monde agricole. Un nouveau plan est proposé, Ecophyto 2, qui vise à atteindre cet objectif en deux étapes, en opérant une première réduction de 25% de l'usage des pesticides d'ici à 2020 avant d'atteindre les 50% en 2050.

Un autre levier d'action consistera à agir sur les techniques d'épandages afin de limiter les pertes lors de cette action culturale, en utilisant des buses plus adaptées par exemple. On pourra également agir sur les pratiques culturales, l'installation de zones tampons en bordure des parcelles est un bon exemple. En mettant en place des bandes enherbées, fortement favorisées par les dispositifs de la PAC, on peut éliminer jusqu'à 95% des pesticides avant qu'ils n'atteignent les cours d'eau, en les fixant dans les sols et en laissant les microorganismes opérer leur travail de dégradation. L'utilisation de variétés résistantes apparaît également comme solution encourageante, mais là encore opérer de tels changements demande un certain temps d'adaptation pour les agriculteurs.

En guise de conclusion, Marc Voltz souligne qu'agriculture et qualité des eaux sont compatibles aux prix de nombreux efforts mais également en permettant à l'agriculture d'atteindre une situation économique qui lui permette d'éviter la dépendance aux produits phytosanitaires. 

Générique réalisé par Alimentation Générale

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter