Milan 2015 : maintenir les sols vivants

31 août 2015 - La rédaction 
Dominique Arrouays, membre du Giec (Groupe intergouvernemental pour l'étude du climat) est interrogé par Paul De Brem à l'occasion des Mercredis du Pavillon de la France, sur le rôle joué par les sols et le maintien de leur qualité.

Si la FAO a décrété 2015 année du sol, c'est bien pour tirer la sonnette d'alarme. Chaque seconde, près de 6354 m² de sols agricoles disparaissent dans le monde au profit de constructions ou d'habitations. C'est plus que la totalité de la surface cultivable en France. Une artificialisation des sols agricoles, alors même que la Terre comptera bientôt 9 milliards de bouches à nourrir.

Le sol, la « peau de la planète »
Cette artificialisation met en danger les nombreux services rendus par le sol. Dominique Arrouays le définit comme « la peau de la planète, c'est ce qui lui permet de respirer et de produire notamment. » Cet espace constitue pour l'Homme les « Trois F : food, fiber and fuel », soient notre nourriture, dont 95 % en est issue, les fibres dont nous avons besoin comme le coton et le bois, et l'énergie qui sert à nous chauffer ou à cuisiner. Mais il ne faut pas réduire le sol à cette seule fonction de production.

Pour Dominique Arrouays, le sol est la « plus grande station d'épuration du monde », un gigantesque filtre à eau naturel. Cette même eau qu'il est capable de stocker et de restituer aux végétaux en cas de sécheresse, telle une éponge. Le sol est aussi la réserve en matière organique de la planète. Mais cet équilibre est fragile. En diminuant de 4 pour mille la teneur en matière organique de nos sols, on doublerait nos émissions de gaz à effet de serre. A contrario, une augmentation relative de 4 pour mille par an des stocks de matière organique des sols suffirait à compenser l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre de la planète. C'est dans cette direction que souhaite aller le gouvernement avec le programme « 4 pour 1000 ».

Un repère de biodiversité encore à découvrir
Ce stock de matière organique ne peut être maintenu ou augmenté sans la préservation du vivier d'êtres vivants présents dans le sol. Nous ne connaissons que 10 % de la biodiversité qui s'y trouve. Et pourtant, ces 10 % représentent un quart de la biodiversité terrestre. Cela laisse présager encore de belles découvertes scientifiques lorsque l'on sait que 70 % des antibiotiques actuels sont issus d'organismes du sol.

Santé, alimentation, réchauffement climatique, le sol est à l'interface de nombreux enjeux sociétaux. Les solutions existent et Dominique Arrouays ne se dit pas pessimiste pour autant, mais il  invite les gouvernements à rapidement se saisir de la préservation de cet espace.

 

 

 

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