« Non à une indexation des prix alimentaires sur les prix agricoles »

8 mars 2011 - La rédaction 
La hausse du prix des céréales fait monter le coût de l'alimentation animale, donc les charges des éleveurs. Pour permettre à leurs comptes de respirer, la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, envisage (entre autres) de répercuter cette hausse sur le produit final vendu au consommateur.
Entretien avec Charles Pernin, chargé de mission alimentation à l'association de consommateurs CLCV, Consommation logement cadre de vie.

Pourquoi vous opposez-vous à une indexation des prix alimentaires sur les prix agricoles, comme le suggère la FNSEA ?

Photo : Charles Pernin est chargé de mission alimentation à l’association de consommateurs CLCV, Consommation logement cadre de vie.

La majorité des analystes soulignent que la demande alimentaire va continuer à croître dans l’avenir. En outre, les coûts de production agricole, notamment celui des engrais très lié aux prix des énergies fossiles, devraient eux aussi augmenter dans les prochains mois. Rien ne laisse donc présager un retournement prochain des prix agricoles et, dans un tel contexte, l’indexation que promeut la FNSEA est inacceptable : elle porterait une atteinte supplémentaire et durable au pouvoir d’achat des consommateurs. Ce sont évidemment les ménages modestes, qui consacrent une part importante de leur budget à l’alimentation, qui seraient les plus touchés.

Les professionnels agricoles soulignent pourtant que l’indexation fonctionnera aussi lorsque les prix agricoles baisseront ?

C’est un vœu pieux. On ne sait pas quand les prix agricoles baisseront et de combien. En outre, le passé nous montre que les retours en arrière sont difficiles à appliquer. A cet égard, le prix du pain est significatif. Quant le prix du blé augmente, celui de la baguette augmente également. Quand le prix du blé baisse comme ça été le cas la majeure partie de la décennie 2010, le coût du pain continue de grimper.

Que suggérez-vous pour amortir les hausses des matières premières agricoles ?

L’augmentation des prix agricoles devrait en premier lieu inciter l’ensemble des acteurs de l’agroalimentaire à faire évoluer leurs techniques de production et leur stratégie. L’augmentation de la productivité agricole redevient un enjeu de premier plan qui suppose d’importants efforts de recherche agronomique pour promouvoir au Nord comme au Sud des modes de production à la fois performants et respectueux de l’environnement. Les industriels et les distributeurs peuvent de leur côté amortir les hausses des matières premières en rationalisant les processus de transformation et de logistique tout en diminuant les dépenses de marketing. Enfin, il revient aux pouvoirs publics d’assurer la transparence sur les prix et les marges et de veiller à ce que la concurrence s’exerce à tous les stades des filières agroalimentaire afin de prévenir toute marge abusive.

Une agriculture de haute valeur environnementale (HVE) se met en place, conséquence du Grenelle de l’environnement. Les consommateurs seront-ils prêts à payer plus chers des produits de qualité, censés être meilleurs pour leur santé ?

L’idée d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement est intéressante. C’est d’ailleurs ce qu’appellent de leurs vœux les consommateurs. Mais on ne connaît pas encore le cahier des charges des produits qui bénéficieront de la certification environnementale. Et surtout, on ne sait pas comment ils se différencieront des produits bio.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Pambrun

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