OGM/pesticides : l’Anses auditionnée au Sénat

6 novembre 2012 - La rédaction 

Après un formidable battage, les médias généralistes ont abandonné, pour l'instant, le sujet de l'étude de Gilles-Eric Séralini sur la toxicité du maïs NK 603 résistant au Round Up. Dossier qui n'en poursuit pas moins son développement. Le dernier en date est l'audition de Marc Mortureux, directeur général de l'Anses, le 31 octobre, par la Commission du développement durable du Sénat. Au-delà de la confirmation des avis déjà rendus par l'agence, et d'autres en Europe, sur la faiblesse des données pour avancer les conclusions de l'étude Séralini (voir notre actualité “L'étude du professeur Séralini, recalée mais entendue“), les échanges avec les sénateurs ont permis de préciser les moyens à même de redonner confiance dans l'expertise scientifique. Marc Mortureux a remarqué, en préambule, que le « plus grand risque pour une agence est le risque d'accoutumance », et qu'il n'était donc pas négatif d'être ainsi interpellé.

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Pour Marc Mortureux, il n'est pas négatif d'être interpelé ou interrogé, au contraire : « le plus grand risque pour une agence est le risque d'accoutumance ».

Se garder des influences
La gouvernance de l'Anses, très ouverte, composée des cinq collèges du Grenelle de l'environnement et les moyens mis en œuvre « pour protéger les experts des influences extérieures», sont spécifiques à l'agence française. Le groupe de dix experts constitué pour analyser l'étude du professeur Séralini a été construit en veillant à l'absence de liens d'intérêt avec les firmes semencières ou phytopharmaceutiques. Pour ce dossier, comme pour tout autre, les déclarations d'intérêt des experts sont disponibles sur le site de l'Anses.

Evaluation à long terme des OGM et pesticides
Pour l'Anses, les études sur le long terme, telle celle menée par le professeur Séranini sur deux ans méritent d'être engagées, y compris pour recouvrer la confiance des consommateurs. Sous réserve cependant de se mettre d'accord sur les objectifs, le type de plantes et le financement avant d'établir un protocole. Le coût d'une telle étude serait a minima de 5 à 10 millions d'euros. Celle du professeur Séralini est de 3 millions d'euros. Au-delà du seul thème OGM/pesticides, Marc Mortureux a donné l'exemple du Programme national de toxicologie américain, doté au niveau fédéral de 120 millions de dollars.  « Dans un certain nombre de cas, nous avons besoin de mobiliser des financements publics français ou européens, pour des études d'envergure visant à consolider des éléments assez peu documentés», a indiqué Marc Mortureux. Avis partagé par Sophie Primas, par ailleurs rapporteur du rapport du Sénat sur les pesticides et la santé, qui considère du devoir des politiques de faire en sorte que les agences puissent travailler dans la sérénité.

Des études courtes sentinelles
Les tests à 90 jours sur rats sont potentiellement extrapolables à une durée de dix ans sur l'être humain. Des études dite « durée vie entière » sont coûteuses, en fonds et en animaux de laboratoire. Il convient donc, rappelle l'Anses, de réaliser des protocoles qui permettent de faire de ces tests « courts » des sentinelles à même de déclencher des études plus longues. L'occasion de regretter que le professeur Séralini n'ait pas introduit des indicateurs au terme de 90 jours de tests pour évaluer leur corrélation éventuelle sur ses résultats finaux.
 

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