Parlons agriculture : produire plus pour vaincre la faim dans le monde

11 juillet 2008 - La rédaction 
Pour faire face à la croissance mondiale de la population et au défi alimentaire qui en résulte, l'agriculture devra doubler sa production en 30 ans.

« Comprendre pour agir », c’est par cette formule que Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et de la Pêche a ouvert la conférence « Qui va nourrir le monde ? », organisée le 3 juillet à Bruxelles, à l’initiative de la France en partenariat avec la Commission Européenne et le Parlement Européen.

Mariann Fischer Boel et Louis Michel, les deux commissaires européens, prêts à relever le défi alimentaire mondial.

Michel Griffon, ingénieur agronome et économiste, responsable du département Écosystèmes et Développement durable à l’Agence nationale de la recherche (ANR), a rappelé d’emblée la principale cause de la crise alimentaire actuelle qui s’est traduite ces derniers mois par une flambée de prix alimentaires : « L’augmentation de la demande est désormais plus rapide que celle de l’offre des produits alimentaires ». La demande augmente pour trois raisons : 70 millions d’habitants en plus tous les ans sur Terre, beaucoup plus de personnes qui consomment de la viande ou des produits animaux, et, enfin, le recours aux agrocarburants. Face à cette demande très soutenue, l’offre marque le pas, et ceci, pour deux raisons essentielles : dans les Pays du Sud, on a détruit progressivement tous les programmes d’aide à l’agriculture vivrière, et pendant le même temps, dans les pays « productifs » du Nord, la révolution agricole de la deuxième moitié du XXème siècle a atteint ses limites.

Pour juguler la crise alimentaire actuelle, que faire ? « Méfions nous de solutions trop simples et trop rapides, a prévenu Mariann Fischer Boel, commissaire européenne en charge de l’agriculture et du développement rural. Nous devons nous attaquer sur le moyen terme aux causes structurelles de l’insécurité alimentaire ». Le défi est aujourd’hui de produire plus, mais avec moins : moins de terre, d’eau, d’énergie et aussi, moins de chimie. Cela nécessitera un énorme effort collectif de recherche appliquée. Le FMI et la Banque mondiale, semblent prêts à financer de nouveau les programmes de développement agraires. « C’est indispensable, mais cela prendra des années pour améliorer la situation » a convenu Louis Michel, commissaire européen en charge du développement et de l’aide humanitaire.

« Chaque pays doit pouvoir se nourrir lui-même », a rajouté Ousseni Salifou, commissaire de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en charge de l’agriculture. Aujourd’hui, les trois-quarts des gens qui vivent avec moins de deux dollars par jour et la majorité des 854 millions de personnes qui souffrent de malnutrition sont des ruraux. La mobilisation des agricultures familiales qui représentent au niveau mondial près d’un emploi sur deux est donc la meilleure réponse à la faim et à la pauvreté, mais cela implique de remettre l’agriculture au centre des politiques des pays du Sud. « Il faut systématiser les politiques de soutiens aux agricultures » a lancé Jean-Michel Lemetayer. Le président du Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (COPA) milite pour la création d’une organisation mondiale de l’agriculture et de l’alimentation adossée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Concluant les travaux, Michel Barnier a dressé le portrait de la future Politique agricole commune (PAC) qui verra le jour en 2013. « Elle ne sera pas égoïste, ni indifférente à ce qui se passe dans le monde, elle sera solidaire ». La solution à l’insécurité alimentaire serait-elle donc dans l’exportation de la PAC ? Ce qui est sûr, c’est que compte tenu de l’impact insuffisant de la libéralisation des marchés agricole internationaux sur le développement des Pays du Sud, la structuration des marchés agricoles devra se faire à un niveau local et régional.

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