Patrick Chassac et Sabrina Augier – Le temps ne compte pas pour des prunes

20 février 2006 - La rédaction 
Se consacrer davantage à sa vie personnelle, mais aussi sécuriser le travail des salariés et le rendre plus confortable : Patrick Chassac et Sabrina Augier ont relevé ces défis en optimisant les travaux sur leur exploitation.

“Nous ne travaillons plus les week-ends, et nous pouvons sans problème prendre deux à trois jours de congés quand nous le souhaitons, en plus des vacances classiques, pour nous aérer l’esprit.” Pour Patrick Chassac et sa compagne Sabrina Augier, l’amélioration de la qualité de vie passe par du temps libéré pour soi. Comment ? En optimisant le fonctionnement de l’exploitation. “J’ai réduit de moitié le temps passé à la taille des vergers, un des plus gros postes de travail. Nous avons travaillé avec des exploitants de la région, le Centre d’études des techniques agricoles, le bureau interprofessionnel des pruneaux, l’Institut national de la recherche agronomique, pour optimiser la taille des vergers de pruneaux. Nous avons d’abord appris à mieux connaître la manière dont les pruniers fructifiaient pour ensuite définir des tailles adaptées. L’agriculture raisonnée, c’est cela : comprendre les fonctionnements puis cibler les actions.” Patrick Chassac a également fait l’acquisition d’une plate-forme de taille qui améliore le confort de travail des ouvriers et accroît leur productivité. “Le changement de taille du prunier a été très bénéfique puisque cette culture représente 80 % de notre revenu.”

L’exploitation

18 hectares en pruneaux IGP Pruneaux d’Agen

25 hectares de noisetiers

En 2005, 104 tonnes de pruneaux séchés et 42 tonnes de noisettes

Adhésion Farre en 1996. Qualification de l’exploitation en agriculture raisonnée en 2005

Un salarié permanent, jusqu’à 7 ouvriers temporaires.

Travaux optimisés

Patrick Chassac a le sens du travail optimisé. Quand il a repris l’exploitation parentale, où il y avait des céréales, il a alors repensé la taille des parcelles afin qu’elles soient adaptées au matériel. “Nous avons ainsi gagné sur trois tableaux : le temps, l’argent parce que nous évitions les recroisements de produits, et la préservation de l’environnement. Si aujourd’hui je ne fais plus de céréales, j’applique le même principe pour les vergers : j’ai augmenté la taille des parcelles pour gagner du temps et j’évite d’avoir des pointes à leurs bouts afin de faciliter le passage du tracteur.”

L’exploitation dans son ensemble a été revue sous l’angle de la minimalisation des pratiques. Une stratégie préservée par la vigilance d’un logiciel de gestion de l’exploitation MV Marge. Il recense le temps passé pour chaque intervention et les budgets des différents postes. Et possède des externalités qui simplifient la paperasserie. Les fiches de traçabilité peuvent être imprimées et servir de documents à la filière aval. Les heures des employés sont enregistrées, “ce qui permet de réaliser très facilement les fiches de paye”.

Grâce à l’optimisation des travaux, notamment de la taille des pruniers, Patrick Chassac et Sabrina Augier peuvent se libérer du temps pour leur vie personnelle

Un itinéraire tout tracé

Mais la qualité de vie sur une exploitation ne s’arrête pas aux chefs d’entreprises. Elle doit prendre en compte le confort des salariés, et notamment leur sécurité. Comment Patrick Chassac et Sabrina Augier ont-ils abordé cette problématique ? “J’ai surtout appris cette notion lors d’un stage en Californie, sur une exploitation de 600 hectares de pruneaux, dans le cadre de mon brevet de technicien agricole, indique Sabrina Augier. J’ai alors été impressionnée par l’attention apportée à la sécurité du personnel. C’était la première fois que je voyais des représentants de l’assurance santé se déplacer sur l’exploitation pour expliquer les consignes de sécurité.” Prenant bonne note de cette expérience, le couple a réalisé une fiche de sécurité, tant au niveau de l’utilisation des produits phytosanitaires que de la protection de l’individu, à destination des salariés. “Deux grands points d’amélioration : l’aménagement du local phytosanitaire en 1998 et le tracé de l’itinéraire depuis la prise du bidon jusqu’à sa mise dans le pulvérisateur”.

Du temps libre, sans stress

Consignes de sécurité affichées, produits rangés dans un ordre logique et identifiable, remplissage du pulvérisateur sur une aire bétonnée, vanne volumétrique qui stoppe l’arrivée d’eau quand la quantité devant être apportée a été atteinte : le travail de l’ouvrier est facilité.

“Cela nous sécurise de savoir que Jean-Paul Vialliard, notre salarié, peut s’occuper des traitements avec un risque minime d’erreur.” Pour Patrick Chassac, pas d’amélioration de la qualité de vie sans une bonne santé financière de l’exploitation.

En cinq ans, le chiffre d’affaires de la société est passé d’environ 150 000 euros à 300 000 euros, avec une augmentation d’un quart de la superficie du verger. “Accroître la rentabilité permet de mieux nous rémunérer ainsi que les salariés. Mais également de faire des investissements pour encore gagner du temps et du confort de travail.” Pour exemple, il vient d’investir dans une récolteuse qui va permettre de tripler la productivité de récolte. Par l’optimisation des travaux et la sécurité des installations, Patrick Chassac et Sabrina Augier peuvent désormais se payer du bon temps en toute tranquillité.

Jean-Luc Jagueneau, vice-président de France Prune

Définir une nouvelle taille ensemble

“Nous travaillons depuis cinq ans la taille des pruniers avec l’ensemble de la profession. Cette prise en charge collective est un réel soutien pour les exploitants. En analysant l’appareil de fructification du prunier, nous avons compris qu’il y avait, en fonction de la position des branches par rapport à la lumière, des ramifications à privilégier. Nous avons également optimisé l’inter-rang (3 mètres entre les arbres) et l’entre-rang (6 mètres).”

Gilles Espagnol, responsable du service technique du Bureau national interprofessionnel du pruneau (Bip)

Une stratégie minimaliste

“Parce que le pruneau est un fruit essentiellement transformé, nous ne cherchons pas à avoir aucun défaut mais le meilleur compromis entre la productivité, la qualité et une intervention minimum dans les parcelles.” Les expérimentations du Bip ont ainsi aidé les exploitants à réduire au minimum les itinéraires culturaux, soit un gain de temps et d’argent, sans endommager la productivité. “Nous analysons la protection des cultures de manière globale, en jouant sur les durées d’action des produits, en privilégiant les stratégies multimaladies. Par exemple préconiser un itinéraire cultural contre la rouille ayant aussi une action sur la tavelure.” Si, pour le prunier, cet exercice peut être réalisé, il est plus dur sur le noisetier étant donné que la réhomologation des matières actives au niveau européen a retiré du marché des produits majeurs pour la culture. Quoi qu’il en soit, pour la rouille sur prunier, les exploitants peuvent désormais descendre à deux ou trois traitements, contre 7 à 8 habituellement.

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