Permettre aux élèves de prendre eux-mêmes position

6 décembre 2012 - La rédaction 

Les agriculteurs déplorent parfois une présentation trop succincte et souvent critique de leur profession dans l'enseignement général. Armand Audinos, membre du bureau de l'APBG, Association des professeurs de biologie et de géologie, apporte un éclairage sur les outils pédagogiques utilisés actuellement pour aborder le lien entre agriculture et environnement.
 

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“Nous accordons beaucoup d'importance aux exercices de réflexion pour lesquels nous demandons aux élèves de mettre en relation des sources contradictoires”

L'agriculture est-elle aujourd'hui étudiée dans les lycées d'enseignement général ?
Armand Audinos : Il n'y a pas de cours consacrés exclusivement à l'agriculture, ni au développement durable d'ailleurs. En revanche, l'agriculture est abordée tout au long de la scolarité. C'est le cas, au collège, à travers la production alimentaire, le peuplement des milieux (sixième et cinquième), en seconde, dans les cours d'histoire-géographie et de SVT, sciences de la vie et de la terre. Puis en première, par le biais de la thématique « nourrir l'humanité ». Et enfin en terminale scientifique dans les cours de génétique, dans le thème « la plante domestiquée ». Je me permets toutefois  de souligner que  le temps court, soit 1,5 heures hebdomadaires de la sixième à la seconde, pour aborder le très grand nombre de thèmes traités dans les sciences de la vie et de la terre ne nous permet pas d'être exhaustif.

Sur les sujets d'agriculture et d'environnement, quels messages délivrez-vous ?
Armand Audinos : Nous n'avons aucun message à délivrer ! Nous apportons les éléments scientifiques pour permettre aux élèves de prendre eux-mêmes position. On essaie de montrer la complexité du métier, son évolution, les avancées mais aussi les impasses de l'agriculture moderne, ainsi que les efforts engagés par les agriculteurs.
D'un côté, on nous reproche parfois de trop souligner les impacts environnementaux des activités humaines, et, d'un autre côté, on nous accuse d'être sous l'emprise des lobbys productivistes en abordant les OGM. Mais nous ne prenons pas position, nous apportons les informations de part et d'autre. Nous refusons l'opposition systématique à la science. On ne peut s'opposer à une technique par croyance mais uniquement sur la base d'un raisonnement scientifique. Et c'est cela que nous essayons d'éveiller chez les élèves : valoriser la technique tout en s'interrogeant sur la façon de l'utiliser. En seconde, nous expliquons l'élaboration des OGM, tout en soulignant les conséquences biologiques. Et ce sujet est également abordé sous un aspect économique, sur les enjeux planétaires et sur la question de nourrir l'humanité.

Les manuels scolaires ne semblent pas toujours aussi objectifs que votre enseignement…
Armand Audinos : Chaque manuel respecte sa propre ligne éditoriale et ne constitue qu'une des nombreuses sources d'information. Les manuels ne se suffisent pas à eux-mêmes et n'englobent pas l'intégralité de l'éducation. Si c'était le cas, il n'y aurait plus besoin d'enseignant !
Différents outils sont utilisés par les enseignants pour aborder notamment les sujets liés à l'agriculture et à l'environnement : activités pratiques, expérimentations, études de documentation, débats, travaux personnels encadrés. En cycle terminal du secondaire (première et terminale), nous accordons beaucoup d'importance aux exercices de réflexion pour lesquels nous demandons aux élèves de mettre en relation des sources contradictoires. C'est là un point essentiel de notre métier d'enseignant : développer chez les élèves un esprit critique et d'analyse.

 

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