Dans le cadre d'une expérimentation, des agriculeurs vont travailler avec des conseillers indépendants des structures commercialisant les pesticides.
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« Comment conseiller à l'agriculteur d'utiliser moins de pesticides, si vous êtes vous-même vendeur de ces produits ? ». Ségolène Royal pose cette question depuis plusieurs mois. Au cœur de cette interrogation : les techniciens de la distribution agricole.
Ces professionnels accompagnent les producteurs dans la construction de leurs stratégies de protection des cultures contre les différentes menaces (insectes, mauvaises herbes, maladies). Les produits phytosanitaires nécessaires pour mettre en œuvre cette stratégie sont ensuite commercialisés par la coopérative ou le négoce qui emploie ces techniciens (voir encadré ci-dessous).
Une expérimentation à échelle restreinte
Ségolène Royal veut découpler ces deux rôles, conseil et vente. Elle a profité du lancement de sa campagne « Zéro pesticide », le 14 février à Paris, pour annoncer que quatre coopératives avaient accepté d'expérimenter le principe du « conseil indépendant ». Situées dans quatre zones différentes (Ouest, Paca, Centre et Hauts de France), avec des productions principales variées (grandes cultures, viticulture, cultures spécialisées) les coopératives vont mobiliser 32 agriculteurs au total pour ce test à échelle restreinte.
Dans chaque cas, un groupe d'agriculteurs « témoins » travaillera avec le conseiller habituel de la coopérative, tandis que les autres auront recours à un conseiller indépendant. Les attendus de cette expérimentation : un suivi d'indicateurs liés aux pratiques et aux résultats des exploitations, et le témoignage des agriculteurs.
Royal-Le Foll : deux approches différentes
Si Ségolène Royal espère prouver que cette formule peut permettre de maintenir une agriculture productive tout en limitant les ventes et usages de pesticides, la posture de Stéphane Le Foll est différente. Le ministre de l'Agriculture souhaite laisser aux distributeurs leur rôle de conseiller, tout en les responsabilisant via des « Certificats d'économie de produits phytopharmaceutiques » (CEPP). En clair : demander aux coopératives et négoces de réduire de 20 % leurs ventes de pesticides, en mettant en avant des solutions alternatives… et les sanctionner financièrement s'ils ne tiennent pas cet objectif.