Un paysage remarquable, en pleine mutation
Le Causse de Sauveterre et le Causse Méjan constituent, avec les Gorges du Tarn, un ensemble paysager unique, et une zone éligible au classement par l’UNESCO comme paysage culturel, élément du patrimoine mondial de l’humanité. Une partie de ces causses se trouve dans la zone centrale du Parc National des Cévennes, consacré à la protection des paysages et de la biodiversité. Cette région est caractérisée par un relief karstique (calcaire) avec une opposition entre les dolines et les terres labourables de fonds de vallées, dédiées aux céréales et aux fourrages, et les pentes, dédiées à la forêt et aux parcours.
Le paysage initial des causses :
un espace ouvert et une forte population.
un espace ouvert et une forte population.
L’organisation de l’espace a été décrite par une combinaison de 3 niveaux : les parcelles, les ha-meaux et le causse dans son ensemble. L’organisation spatiale des hameaux est dite «auréolaire», c’est-à-dire que les modes de gestion des terres se répartissent de façon concentrique autour des habitations groupées, du fait des contraintes liées à la gestion des troupeaux. Le réseau des hameaux constitue l’armature du paysage. Au niveau du causse, c’est le mode dit «alvéolaire» qui domine, chaque hameau ayant son organisation propre et ne débordant pas sur son voisin.
Le point de départ de l’étude est la période de la fin du XIXe siècle qui présente une forte densité de population et un paysage dit «ouvert» c’est-à-dire offrant des panoramas sur de larges espaces. En effet, le causse est assez peu boisé car sa forte population exerce un important prélèvement de biomasse végétale pour les troupeaux et pour les hommes (bois de chauffage, de construction, défrichage).
Le point de départ de l’étude est la période de la fin du XIXe siècle qui présente une forte densité de population et un paysage dit «ouvert» c’est-à-dire offrant des panoramas sur de larges espaces. En effet, le causse est assez peu boisé car sa forte population exerce un important prélèvement de biomasse végétale pour les troupeaux et pour les hommes (bois de chauffage, de construction, défrichage).
Politiques agricoles et forestières
La recherche a porté sur l’impact des transformations socio-économiques du 20ème siècle, dont la première période a été marquée par un exode important, et la seconde par des politiques agricoles et forestières dont les effets sur le paysage ont été marquants. Elle a conjugué enquêtes de terrain, analyses statistiques et modélisation.
Comme tous les grands causses du sud de la France, le Sauveterre a connu à l’échelle historique des cycles de population-dépopulation et des cycles synchronisés de boisement et de déboisement. La première guerre mondiale et l’exode rural qui a suivi ont eu des conséquences importantes. Ils ont conduit à l’abandon des terres cultivées et pâturées et favorisé les friches et les broussailles. Après la deuxième guerre mondiale, la politique forestière entérine la dépopulation en favorisant le boisement de cette région perçue comme marginale pour la production agricole. La loi de modernisation agricole de 1962 accentue cette orientation. L’objectif politique est alors de moderniser les exploitations agricoles françaises et beaucoup d’exploitations des hameaux du Sauveterre, trop petites, ne peuvent s’adapter et disparaissent.
A la fin des années 1970, la PAC (Politique agricole commune) commence à s’intéresser aux régions défavorisées. En 1975 apparaissent les premières mesures visant à compenser les handicaps naturels. Dans le même temps, les incitations aux plantations forestières diminuent au gré de la crois-sance des boisements naturels sur le territoire français. Le Parc national des Cévennes, seul à être habité dans sa zone centrale, est crée en 1970. Dans les années 1980, on assiste donc à un infléchissement des politiques publiques qui, sensibles au risque de désertification de zones rurales, affichent la volonté de maintenir l’armature des hameaux (politique déclinée en Lozère sous le nom de «HAMEAU 2000»), de lutter contre la fermeture des paysages et de conserver la biodiversité.
Comme tous les grands causses du sud de la France, le Sauveterre a connu à l’échelle historique des cycles de population-dépopulation et des cycles synchronisés de boisement et de déboisement. La première guerre mondiale et l’exode rural qui a suivi ont eu des conséquences importantes. Ils ont conduit à l’abandon des terres cultivées et pâturées et favorisé les friches et les broussailles. Après la deuxième guerre mondiale, la politique forestière entérine la dépopulation en favorisant le boisement de cette région perçue comme marginale pour la production agricole. La loi de modernisation agricole de 1962 accentue cette orientation. L’objectif politique est alors de moderniser les exploitations agricoles françaises et beaucoup d’exploitations des hameaux du Sauveterre, trop petites, ne peuvent s’adapter et disparaissent.
A la fin des années 1970, la PAC (Politique agricole commune) commence à s’intéresser aux régions défavorisées. En 1975 apparaissent les premières mesures visant à compenser les handicaps naturels. Dans le même temps, les incitations aux plantations forestières diminuent au gré de la crois-sance des boisements naturels sur le territoire français. Le Parc national des Cévennes, seul à être habité dans sa zone centrale, est crée en 1970. Dans les années 1980, on assiste donc à un infléchissement des politiques publiques qui, sensibles au risque de désertification de zones rurales, affichent la volonté de maintenir l’armature des hameaux (politique déclinée en Lozère sous le nom de «HAMEAU 2000»), de lutter contre la fermeture des paysages et de conserver la biodiversité.
L’homogénéisation des paysages : quelles perceptions et quelles réactions ?
Néanmoins, l’état actuel du paysage du Sauveterre se caractérise par une faible population répartie dans les hameaux et un taux important de boisement au niveau global comme à celui des hameaux. La mise en œuvre tardive d’une politique de lutte contre l’embroussaillement et la fermeture du paysage (par les incitations aux défrichements) n’a pu compenser l’impact de la diminution de la population commencée plusieurs décennies plus tôt. Les politiques publiques des années 50-80 ont donc conduit à une homogénéisation du paysage dans chaque hameau et au niveau du causse dans son ensemble. Seule une faible partie du causse, à l’est, conserve son caractère ouvert. Quelle est la perception de cette homogénéisation par les habitants et les touristes ? Et comment va-t-elle orienter les choix individuels et collectifs des gestionnaires de l’espace ?L’existence dans chaque hameau d’un noyau important de propriété foncière collective donne indéniablement un poids important à la décision collective locale. Il est donc possible d’envisager une inscription de ces décisions dans un cadre d’intercommunalité. Cette recherche a été financée par le Ministère de l’environnement et du développement durable. Elle s’inscrit dans le programme «Politiques publiques et paysages : analyse, évaluation, comparaison». Elle est conduite par une équipe pluri-disciplinaire composée de chercheurs de l’INRA, du CEMAGREF et du CIRAD.