Pour tirer parti de l’intérêt agronomique des boues d’épuration

15 octobre 2005 - La rédaction 
Les boues d’épuration sont composées essentiellement d’eau, de matière organique et de matières minérales.

L’effet de ces composants est très différent selon le milieu qui les reçoit :

  • polluant lorsqu’ils viennent perturber l’équilibre d’un cours d’eau ou d’un sol qui est incapable de les digérer,

  • fertilisant si on les incorpore au sol, en quantité et en qualité appropriées, car ils constituent alors des ressources nutritionnelles pour les cultures. Ils peuvent aussi améliorer les caractéristiques du sol, notamment dans le cas des boues chaulées ou compostées.

En effet, les micro-organismes qui abondent dans le sol se nourrissent des matières organiques apportées par les boues. De ce fait, ils en transforment progressivement une partie en éléments minéraux disponibles pour les plantes. Une autre partie, plus ou moins importante selon le type de boues, est incorporée au sol et contribue à l’entretien d’une structure favorable au développement des racines.

Fertilisant ou polluant ?

L’azote (N) est un élément essentiel à la production végétale. Dans le sol, les plantes l’absorbent sous forme de nitrates (NO3-).
Si l’azote est apporté en excès par rapport au besoin des plantes, il est alors lessivé par les pluies et participe à la pollution nitrique des eaux de surface ou souterraines.

L’épandage agricole de boues d’épuration est donc doublement utile :

  • d’une part il apporte à l’agriculteur des moyens efficaces, et la plupart du temps gratuits, pour entretenir la fertilité de sa terre et pour nourrir ses cultures.
    En effet, pour que les plantes soient capables de fabriquer leurs aliments à partir du gaz carbonique et de l’oxygène de l’air par le mécanisme de la photosynthèse, elles doivent prélever dans le sol d’autres matières premières indispensables : ce sont les nutriments, constitués essentiellement par l’azote, le phosphore, le potassium et divers oligo-éléments. Transformés en matière végétale, ces éléments sont “exportés” au moment de la récolte. Il faut donc trouver un moyen de les restituer au sol pour éviter son appauvrissement : c’est le but de la fertilisation,
  • d’autre part, il permet de compléter le travail d’épuration des stations en digérant la matière organique et en détruisant les micro-organismes pathogènes contenus dans les boues, susceptibles de provoquer des maladies chez l’homme et l’animal. Le sol est en effet un milieu très défavorable à ces micro-organismes, assez rapidement détruits par les conditions physico-chimiques régnantes – en surface notamment (action du soleil : UV, sécheresse) – et par la concurrence des autres micro-organismes naturellement présents dans le sol (après enfouissement).

 

    Une pratique en accord avec la volonté de préserver l’environnement

    L’épandage agricole des boues d’épuration s’inscrit dans la logique du recyclage dans le milieu naturel et de l’économie des ressources non renouvelables.

    En apportant des éléments fertilisants aux cultures, les boues réduisent l’utilisation d’engrais minéraux : elles diminuent d’autant les prélèvements miniers (phosphore et potasse notamment) ou la consommation d’énergie nécessaire à la fabrication des engrais (azote).
    La nature essentiellement organique de l’azote apporté par les boues entraîne sa mise à disposition progressive pour les plantes, par minéralisation, phénomène sous la dépendance des conditions pédo-climatiques locales.

    Enfin, l’épandage agricole évite le recours à des solutions uniquement éliminatrices (incinération, mise en décharge) qui, selon un audit comparatif de filière réalisé en 1999 par le cabinet Arthur ANDERSEN pour les Agences de l’Eau, présentent des impacts sur l’environnement plus défavorables que ceux de l’épandage. Toutefois, le recyclage agricole ne dispense pas de disposer de ces filières alternatives d’élimination en cas de non-conformité temporaire des boues à l’épandage.

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