Produire (collectivement) autrement

Produire autrement, c'est le leitmotiv de Stéphane Le Foll, que le Groupement d'intérêt économique de l'agriculture durable (GIE DAD) décline en collectif. Le GIE DAD a été créé en 2009 en Ardèche suite à l'appel à projet « Bio et eau » de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse. 52 exploitations (17 exploitations polyculture-élevage et 35 exploitations viticole et/ou arboricoles) se sont ainsi réunies avec l'objectif commun de s'impliquer dans le maintien de la qualité de la ressource en eau.
 

Les membres du GIE DAD exposent leurs projets à Germinal Peiro (à gauche), député de la Dordogne et rapporteur de la loi d’avenir agricole, en visite le 5 février.

Ce groupe de travail, accompagné par la Société de conseil en agriculture Rhône Alpes (Scara), a axé son projet autour de trois grands axes : la formation aux techniques alternatives aux pesticides, la création de 10 stations collectives de traitement des effluents phytosanitaires (eau de rinçage du matériel servant à pulvériser les pesticides) et la mutualisation d'outils de substitution au désherbage chimique (herse étrille, bineuse, équipements pour le semis de couverts intercultures…)

En parallèle, les agriculteurs ont commencé à envisager une conversion de leurs systèmes vers l'agriculture biologique. « Les nombreuses visites d'exploitations déjà converties à l'agriculture biologique ont permis de crédibiliser le bio aux yeux des agriculteurs conventionnels », explique Nicolas Ribes, président de la Scara. Les éleveurs laitiers du collectif y ont vu une manière de mieux valoriser leurs engagements en matière de protection de l'environnement. Le groupe s'est alors associé avec l'entreprise Danone pour créer une filière de collecte AB sur le secteur.

Un projet qui fait des émules
Fort de cette première expérience concluante les membres du GIE DAD ont  initié d'autres projets. Les éleveurs mutualisent à présent leurs coûts de distribution du fourrage grâce une dessileuse qui mélange et distribue les aliments pour 8 élevages bovins. Trois unités de méthanisation sont prévues pour traiter les effluents d'élevage et, grâce à l'énergie produite, limiter les coûts de séchages du fourrage.

Chantier d'une des trois unités de méthanisation prévues par le GIE DAD. Le méthaniseur fonctionnera avec les effluents des exploitations et les déchets verts des communes voisines.

Le GIE DAD a lancé une véritable dynamique dans la région Rhône-Alpes et par la suite d'autres projets similaires ont vu le jour : le GIE Agribiotech et le GIE de la Varèze. Depuis décembre 2013, le GIE DAD veut aller plus loin : créer des interactions avec les deux GIE préalablement cités et la Cuma de Curraize afin de mieux valoriser la complémentarité entre productions végétales et animales. Les exploitations céréalières vont, dans un premier temps, diversifier leurs assolements en y intégrant la luzerne, légumineuse qui engendre une multitude de bénéfices : apport d'azote pour les cultures suivantes, ne nécessite aucun traitement pesticide… Luzerne et maïs grain humide produits localement seront utilisés par les systèmes d'élevage, se substituant aux tourteaux en provenance d'Amérique du Sud. Dans un second temps, les effluents d'élevage seront méthanisés et le digestat permettra de fertiliser les cultures céréalières.