Le 1er juin 2023 à Bordeaux, l’Agence bio a réalisé sa conférence de presse annuelle, afin de présenter les chiffres de la filière pour 2022. Si Loïc Guines, président de l’organisation, reste serein, les chiffres révèlent une baisse inédite de la consommation alimentaire en bio des Français, de l’ordre de 5,1 % par rapport à 2021.
Baisse d’intérêt pour le bio
L’Agence bio constate, comme pour la grande majorité des labels de qualité et environnementaux, une baisse d’intérêt des consommateurs pour le bio par rapport à l’année d’avant. Une nette différence s’observe entre la consommation à domicile et hors domicile.
Le premier des deux débouchés, dont le bio est très dépendant, recule de 4,6 %, soit 600 millions d’euros de perte, pour s’établir à 12,07 milliards d’euros en 2022. Pour la restauration hors domicile, le bio consommé a connu une hausse de 17 %. « Pour mettre en avant le travail des agriculteurs labellisés, il est nécessaire que les 378 000 relais que sont les points de vente, les restaurants, les cantines… mettent un peu plus de bio dans les assiettes et les rayonnages », affirme Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio. Pour les convaincre d’aller dans ce sens, elle ajoute que l’inflation touche moins le bio (+4 %) que les autres produits (+6,7 %). L’agence insiste ainsi sur la nécessité de relancer la filière en informant davantage le consommateur.
Bio et local : le mariage gagnant
Si les chiffres d’affaires du bio diminuent pour les magasins bio (8,6 %), grande distribution (4,6 %) et chez les artisans (2,9 %), les produits locaux vendus directement à la ferme sont en hausse de 3,9 %. Ce débouché représente 13 % du marché bio. « Ce dynamisme est en partie lié à un plus grand nombre d’exploitants pratiquant la vente directe », analyse Loïc Guines.
Le bio continue néanmoins de progresser dans les champs… malgré une inflexion de la courbe des convertis (-41 % de surfaces en première année de conversion entre 2021 et 2022). En 2022, le cap des 60 000 fermes a toutefois été franchi, soit 14,2 % des fermes françaises. Loïc Guines a tenu à insister sur ces chiffres positifs, relativisant l’augmentation du nombre de déconversions (3290 sur 2022, soit 31 % de plus qu’en 2021) : « Le solde reste positif, et les agriculteurs gardent l’envie de faire du bio », veut-il retenir.