En matière de pulvérisation, tout doit donc commencer par le calcul de la juste dose. Vient ensuite la phase du remplissage du pulvérisateur : une étape clé puisque l’on estime que près de 80 % des pollutions graves déclarées d’origine phytosanitaire sont liées à des débordements. Choisissez un lieu éloigné d’un point d’eau naturel ou équipé d’une aire imperméable.
Lors du remplissage, évitez que le tuyau d’arrivée d’eau ne trempe dans la cuve. Différents outils existent pour parer tout débordement ou toute pollution du réseau d’alimentation en eau (cf. tableau).
Même si le pulvérisateur n’est pas équipé d’un compteur ou d’un système antidébordement, une vérification de la précision de la jauge évite certaines erreurs.
Prévenez également toute formation de mousse et rincez les bidons en incorporant les eaux de rinçage dans la cuve du pulvérisateur.
Une fois la cuve pleine, vient l’étape de l’épandage. Pour être sûr d’avoir un matériel opérationnel, il peut être opportun de le faire contrôler. Dans le cadre de la loi sur l’eau, cette opération deviendra obligatoire à compter du 1er janvier 2009.
Afin d’épandre en limitant la dérive, réglez les buses en fonction de la spécialité à pulvériser. Depuis quelques années, de plus en plus d’agriculteurs se tournent vers les buses à injection d’air. Pourquoi ? Parce qu’elles se bouchent moins et forment des gouttes moins sensibles à la dérive. Autre point : elles s’adaptent très bien aux changements de vitesse des engins. La stabilité de la rampe est également un facteur important. En effet, une rampe trop haute de 30 cm provoque une dérive identique à un vent de 40 km/h.
Les gérer ; c’est d’abord essayer d’en produire le moins possible. Comment ? En étudiant la conception même du pulvérisateur.
En effet, selon la forme de la cuve, le diamètre et la longueur des tuyaux, les volumes morts générés ne seront pas les mêmes.
Un exemple. Selon des chiffres de la Chambre d’agriculture de la Marne, “une rampe de 28 m équipée de tuyaux de 18 mm produira 7,13 l de volume résiduel. Si la même rampe est équipée de tuyaux de 23 mm, le volume passe à 11,63 l”. Même approche pour les tuyaux d’alimentation, de diamètre plus important. Selon les modèles, les longueurs de tuyaux peuvent varier de près de 50 % !
L’importance de ces volumes morts est plus grande encore depuis la signature de l’arrêté du 12 septembre 2006 réglementant l’usage des produits phytopharmaceutiques (voir p. 46). Il impose en effet de diluer cinq fois le volume de fond de cuve pour un épandage au champ jusqu’au désamorçage de la pompe et près de 100 fois pour la vidange.
Ce qui veut dire que pour 300 l dans la cuve de rinçage, le résidu de pulvérisation en fond de cuve ne doit pas dépasser 3 l ou sinon, il faut organiser un double ou un triple rinçage.
Dans le cadre du plan végétal pour l’environnement (PVE), différents équipements permettant de limiter les pollutions ponctuelles, bénéficient désormais de subventions. Il s’agit par exemple des buses antidérive, de rince-bidons, d’aménagements pour l’aire de lavage, de volucompteurs programmables, de systèmes antigouttes à la rampe, de cuve de rinçage embarquée… La liste complète est disponible dans les DDAF.
Bon à savoir | |
Ce qu’impose la réglementation | Les solutions |
Protéger le réseau d’alimentation en eau potable lors du remplissage du pulvérisateur | Placer une cuve tampon plus haut que le pulvé afin d’éviter les effets de siphon. |
Installer un clapet antiretour : 50 € HT. | |
Installer un disconnecteur : 50 € HT. | |
Éviter le débordement de la cuve | Installer une cuve intermédiaire de la même taille que le pulvé (peu coûteux avec une cuve d’occasion). Présence d’une personne lors du chantier de remplissage : solution gourmande en temps ! |
Installer un compteur ou un programmateur. | |
Installer un dispositif antidébordement. Ex : Volutis de Tecnoma, de 1 900 à 2 300 € HT. S’adapte sur tous les pulvés, neufs ou anciens. | |
Rincer les bidons à l’eau claire | Rincotop à brancher sur un tuyau d’alimentation en eau : aux environs de 100 € |
Lavbox de Tecnoma : 150 € | |
Installer un incorporateur de produits avec un rince-bidon : aux alentours de 600 € HT. | |
Diluer les fonds de cuve avant de les vidanger dans la parcelle | Faire un rinçage séquentiel manuellement |
Installer un dispositif de rinçage séquentiel automatisé. Diluer plusieurs fois le volume résiduel : utilise peu d’eau tout en diminuant la concentration en matière active. Ex : Autonet de Tecnoma, 1 000 € HT. S’adapte sur tous les pulvés, à condition de disposer d’une réserve en eau claire. | |
Traiter les effluents phytosanitaires | Désormais, huit procédés sont officiellement reconnus comme efficaces : Phytobac de Bayer (dégradation biologique sur substrat), BF Bulles d’Alpha O et Sentinel de WMEC (coagulation, floculation et filtration sur charbon actif), Phytocat de Résolution et Phytomax d’Agro Environnement (oxydation avancée par catalyse), STBR2 d’Aderbio (bio dégradation aérobie), Vitimax d’Agro Environnement (coagulation, floculation et filtration) et Phytopur de Michael Paetzold (osmose inverse). |
Les effluents phytosanitaires et les bidons vides doivent être éliminés | Se tourner vers les filières de recyclage. Ex : Adivalor. |