“L’intérêt porté aux résidus de produits phytosanitaires dans l’alimentation est récent”, constate Bernard Declercq, ancien directeur du laboratoire de Massy de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et expert de la commission étude de la toxicité. Les premières directives européennes datent de 1986 avec la fixation de limite maximum de résidus (LMR) pour les céréales (n°86/362) et pour les produits d’origine animale (n°86/363). Celle relative aux fruits et légumes date seulement de 1990 (n°90/642). “Les LMR sont des limites de pratiques agricoles, reconnaît l’expert. Nous ne savons pas évaluer la dangerosité de ces substances, alors nous évaluons le risque de toxicité. La LMR doit être acceptable pour l’exposition du consommateur. Pour les déterminer, nous nous appuyons sur les données toxicologiques, auxquelles nous ajoutons une sécurité afin de définir un risque acceptable.”
140 000 LMR à déterminer
Le règlement LMR 396-2005 paru le 23 février 2005 s’applique depuis le 13 mars 2005. “Il s’agit d’évaluer pour tous les végétaux, soit 281 recensés, les limites maximales de résidus. Une vraie gageure, qu’il faut réaliser pour 500 substances actives. Au total, nous devons définir 140 000 valeurs !”, s’inquiète Bernard Declercq. Tous les végétaux destinés à l’alimentation animale sont concernés. Après une évaluation du risque animal, suit une évaluation des transferts dans les produits d’origine animale destinée à l’alimentation humaine. Autre concept destiné à prévenir les risques liés aux résidus de pesticides, la dose de référence aiguë. “Apparue en 1998, elle permet d’évaluer les effets liés à la consommation d’une portion d’aliment, précise Bernard Declercq. Cette exposition tient compte de la taille de la portion, de la variabilité des résidus et du poids de l’individu. Si nous avons trouvé un accord européen sur les portions, nous avons des divergences au niveau de la variabilité, reconnaît-il. Une couverture du risque de 97, % avec une variabilité de 5 paraît raisonnable, mais reste à définir.”
Vers une prise en compte de l’exposition à l’air ? “Actuellement, nous étudions les LMR pour l’ingestion et l’inhalation par le consommateur. Nous allons vers de nouveaux concepts en intégrant l’exposition à l’air, avertit Bernard Declercq, notamment dans les maisons. Cela concerne particulièrement les produits insecticides utilisés par les consommateurs.” |