Soigner la biodiversité : entre exigence et cohérence

8 juillet 2015 - La rédaction 
Agriculteur en Côte-d'Or, Yann Briotet donne au concept de biodiversité une dimension concrète. Entre collaboration avec l'apiculture et assolement varié, il s'est engagé dans la filière CRC (Culture raisonnée contrôlée) via un cahier des charges exigeant pour ses parcelles de blés.

Installé sur une exploitation familiale de 200 hectares depuis 1995, sur laquelle il travaille avec un salarié depuis 2002, Yann Briotet considère que la biodiversité est un concept plus vaste et concret que ce que le mot véhicule. « Biodiversité, c'est un terme à la mode, un vecteur de communication. Pour moi, c'est du travail tous les jours. J'y consacre du temps et de la matière grise ! »
 

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« La biodiversité, c'est du travail tous les jours. J'y consacre du temps et de la matière grise ! »

La biodiversité cultivée est l'une des facettes « oubliées » de la biodiversité telle qu'elle est appréhendée en général, selon Yann Briotet. « La faune et la flore sauvage sont évidemment plus parlantes, mais mon assolement varié, c'est aussi une manière d'entretenir différents écosystèmes. » Sur l'exploitation de Varanges (21), on trouve du colza, de la moutarde, de l'orge d'hiver, du blé, de l'orge de printemps, du soja, du potiron, des poireaux ou encore du miscanthus.

La filière CRC, des exigences pour la biodiversité
Pour ses parcelles de blés, Yann Briotet suit le cahier des charges de la filière CRC (Culture raisonnée contrôlée), alimentant ainsi la marque Le blé de nos campagnes. « Yann Briotet est l'un des pionniers de la démarche, lancée à la fin des années 1990 pour concilier alimentation et environnement, en avance sur les grandes tendances en la matière », explique Fouzia Smouhi, directrice du Groupement d'intérêt économique CRC.

La filière impose une série d'exigences aux agriculteurs et ne retient que les parcelles situées à plus de 250 mètres des grands axes routiers et voies ferrées. Entre autres mesures, la récolte doit s'effectuer de l'intérieur vers l'extérieur de la parcelle pour permettre aux oiseaux et petits animaux de s'échapper au moment des moissons. L'usage des pesticides est suivi de près, avec une liste restrictive des produits autorisés. Enfin, les agriculteurs sont tenus de participer à un programme de sauvegarde de la biodiversité régionale.

Une démarche avant tout rationnelle
Au-delà des contrats, chartes et autres cahiers des charges, la biodiversité prend place dans la gestion de Yann Briotet de manière cohérente. « Certaines de mes cultures ont besoin de la pollinisation, il est donc tout à fait rationnel pour moi de m'organiser pour qu'il y ait un maximum d'insectes pollinisateurs sur mon exploitation. » C'est le cas des potirons. L'agriculteur s'entend avec un apiculteur pour que celui-ci installe des ruches autour de la parcelle pendant 15 jours, durant la période où c'est le plus utile. « Je ne peux pas lui faire cette demande d'un côté et dégrader le cadre de vie des abeilles dans le même temps ! »
 

La filière CRC en chiffres
1400 agriculteurs travaillant sur 36 000 hectares, pour 240 000 tonnes de production.
3 118 km de haies entretenues.
3 400 ha de couverts mellifères ou apicoles.
33 600 arbres isolés entretenus.
2 235 km de lisières de bois ou bosquets.
Rémunérés de 50 francs supplémentaires par tonne de blé en 1999 (l'équivalent de 7,50€ à l'époque), les agriculteurs impliqués touchent désormais 10 € de plus par tonne.

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