SPECIAL PRESIDENTIELLE – La parole à François Bayrou

Après l'UMP, le Parti socialiste, Debout la France, Europe écologie les Verts, le Front de Gauche, voici la réponse du Modem, par la voix de François Bayrou, aux quatre questions posées à chacun des candidats par Farre et campagnesetenvironnement.fr.

1 – Quels sont les points clés de votre programme à l'élection présidentielle pour encourager une agriculture respectueuse de l'environnement, au niveau européen et au niveau français ?

François Bayrou : La réforme de la politique agricole commune interviendra, comme vous le savez, en 2013. C'est une bonne occasion de mieux prendre en compte les critères de respect de l'environnement. L'agriculteur doit voir ses efforts environnementaux rémunérés. La qualité est une source de rentabilité et de croissance, qui doit primer sur une exigence étroite de productivité. Des nouvelles filières de haute qualité environnementale commencent à se développer et doivent être soutenues tant par les pouvoirs publics que par les consommateurs. 

2. Comment envisagez-vous de rendre compatibles les nouvelles exigences environnementales avec la rentabilité économique des exploitations agricoles ?

François Bayrou, Modem

François Bayrou : La rentabilité économique des exploitations agricoles françaises passe par une uniformisation des exigences environnementales dans l'Union Européenne pour éviter la concurrence entre pays membres. Les responsables politiques doivent avoir à cœur de mettre en place des normes environnementales pour l'ensemble des producteurs européens en veillant, c'est une condition essentielle, à ce qu'elles soient appliquées de manière identique à tous les produits en vente dans l'ensemble des pays européens.
Il faut également développer la recherche en matière environnementale. En effet, l'introduction de nouvelles techniques écoresponsables pourra permettre de développer des revenus complémentaires pour les exploitants agricoles. La création d'électricité d'origine photovoltaïque si elle n'implique pas l'imperméabilisation des terres agricoles ou la transformation des déchets végétaux permet déjà à des agriculteurs de diversifier et consolider leurs revenus.
Enfin, il faut améliorer l'information des consommateurs pour inciter à acheter des produits issus d'une agriculture responsable en matière environnementale. Il faut mener une politique de valorisation des agricultures biologiques locales notamment dans le commerce et la grande distribution en lien avec l'ensemble des acteurs.

3 – Quatre dossiers spécifiques à l'agriculture ont été portés par le Grenelle de l'environnement (agriculture biologique, Ecophyto 2018, certification des exploitations HVE et performance énergétique des exploitations) : quelle évolution (poursuite, intensification, réorientation, voire annulation) impulserez-vous sur ces dossiers ?

François Bayrou : Les agriculteurs font peu à peu leur révolution. On est en train de passer d'un système fondé sur la chimie, à  une agronomie efficace et productive. Les dispositifs incitatifs vont dans le bon sens. Il faut les soutenir et les développer car de plus en plus d'agriculteurs ont adopté de bonnes pratiques même si des progrès peuvent être encore réalisés.
Les objectifs du « Grenelle », fruits d'un compromis entre les convictions écologistes et les représentants des agriculteurs, sont suffisants. Ce serait déjà un formidable résultat que d'y parvenir. En réalité, le véritable enjeu c'est d'atteindre ces objectifs et d'accompagner l'évolution. Il faut éviter de changer de cap continuellement et de procéder par grands pas en avant et grands pas en arrière.

4. Quel est selon vous le premier défi que doit relever l'agriculture française dans les cinq prochaines années ?

François Bayrou : Bien nourrir les hommes, en garantissant un revenu aux agriculteurs et en respectant l'environnement.
 

Farre, Forum de l'agriculture raisonnée respectueuse de l'environnment ; Terre-écos, éditeur de campagnesetenvironnement.fr