SPECIAL PRESIDENTIELLE – La parole à Nicolas Dupont-Aignan

20 février 2012 - La rédaction 
Farre et Campagnesetenvironnement.fr ont posé quatre questions aux candidats à l'élection présidentielle. Objectif : comprendre la façon dont ils entendent concilier agriculture et environnement ! Nous vous livrons la première réponse, de Nicolas Dupont-Aignan, Debout La République.

1 – Quels sont les points clés de votre programme à l'élection présidentielle pour encourager une agriculture respectueuse de l'environnement, au niveau européen et au niveau français ?

Nicolas Dupont-Aignan : Il est temps de reconnaître aux agriculteurs leur rôle d'acteurs et non d'ennemis de l'environnement. Les produits agricoles ne peuvent être soumis aux mêmes lois du libre-échange que d'autres produits. Il en va de l'indépendance alimentaire de la France. Il est absurde de vouloir conformer l'agriculture aux règles du commerce international. Pour que l'agriculture reste un secteur stratégique pour la France, il faut instaurer une exception agricole à l'OMC, rétablir la préférence communautaire, instaurer une grande loi quinquennale de programmation agricole et inciter les agriculteurs à produire des protéines végétales.

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Nicolas Dupont-Aignan, Debout La République

 2 – Comment envisagez-vous de rendre compatibles les nouvelles exigences environnementales avec la rentabilité économique des exploitations agricoles ?

Nicolas Dupont-Aignan : Aujourd'hui, la PAC privilégie les aides aux agriculteurs, ce qui se rapproche de l'assistanat et dévalorise le secteur agricole. La PAC doit renouer avec ses fondamentaux : garantir aux agriculteurs le revenu nécessaire pour conduire leur activité et donner les grandes orientations pour gérer à long terme leurs exploitations.

3 – Quatre dossiers spécifiques à l'agriculture ont été portés par le Grenelle de l'environnement (agriculture biologique, Ecophyto 2018, certification des exploitations HVE et performance énergétique des exploitations) : quelle évolution (poursuite, intensification, réorientation, voire annulation) impulserez-vous sur ces dossiers ?

Nicolas Dupont-Aignan : On demande aux agriculteurs de concilier deux impératifs inconciliables : faire face à la concurrence de pays ne respectant aucune norme environnementale et produire avec toujours moins de pesticides ou d'antibiotiques. A partir du moment où nos agriculteurs ne seront plus mis en situation de concurrence déloyale, ils pourront se préoccuper de préparer l'agriculture de demain. Et avant même l'agriculture biologique ou les biocarburants, nous devons nous préoccuper de l'agronomie de nos sols qui sont de moins en moins fertiles car il n'y a jamais eu de vision globale dans l'assolement des exploitations. La production des oléagineux, souvent indispensables dans la fertilité des sols, et l'alimentation des animaux a été mise de côté car il n'y a jamais eu de véritable politique incitative au niveau national ou européen. Les biocarburants actuels, par ailleurs, détournent une partie de la production destinée à l'alimentation animale ou même humaine. Pour ce secteur, il faudrait privilégier par exemple la production d'algues oléagineuses.
Concernant semences et pesticides, l'Etat français a fait preuve depuis quelques années d'une connivence malsaine avec les groupes agrochimistes. Les agriculteurs sont souvent peu informés et doivent donc faire confiance les yeux fermés à ces grands groupes dans le choix des produits et des dosages.
Afin de préparer l'agriculture de demain, je propose de créer une agence départementale d'aide en ingénierie pour les agriculteurs (permettant d'établir des passerelles entre l'Inra et les chambres d'agriculture), de défendre l'autonomie énergétique de l'agriculture, de freiner la spéculation sur les terrains agricoles (en limitant notamment leur conversion en terrains constructibles autour des grandes agglomérations) et de continuer à soutenir l'installation des jeunes agriculteurs.

4 – Quel est selon vous le premier défi que doit relever l'agriculture française dans les cinq prochaines années ?

Nicolas Dupont-Aignan : L'agriculture française doit reprendre son rôle de secteur stratégique de l'économie.

Terre-écos, éditeur de campagnesetenvironnement.fr et Farre, Forum de l'agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement.

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