Accroître les approvisionnements régionaux et raccourcir les chaînes logistiques. La volonté était déjà présente depuis plusieurs années au sein du groupe Système U. La crise sanitaire et le confinement ont donné un coup d’accélérateur à ces ambitions. « Le contexte lié à la Covid-19 a révélé, voire accentué l’appétence pour le local, déjà bien présente chez nous », explique Jean-Baptiste Rogez, responsable développement filières pour U Enseigne. Des convictions qui ont su trouver leur public durant le confinement. « Il y a une attente forte des consommateurs », poursuit le responsable. Pour répondre à cette nouvelle donne, le groupe a fait le choix de construire des filières régionales, en s’appuyant sur les acteurs du territoire. Le coup d’envoi de l’initiative « U Blé de Bretagne », en préparation depuis plus d’un an, a finalement été lancé durant l’été, quelques semaines après le déconfinement.
Des contrats de trois ans
La coopérative Eureden, l’entreprise de meunerie Paulic et une boulangerie locale, sont partenaires du projet. « L’objectif est de travailler à l’échelle d’un territoire pour avoir des projets cohérents, notamment en termes d’impact environnemental et d’équilibre économique, du producteur au consommateur », explique Jean-Baptiste Rogez. Des contrats de trois ans sont conclus avec les agriculteurs pour leur assurer une rémunération indépendante des variations de rendements ou du marché. Près de 120 magasins U en Bretagne commercialisent ces baguettes 100 % bretonnes. « La période est atypique, tous les repères sont bousculés. Difficile de savoir précisément si ce projet aurait eu le même succès dans un contexte normal », reconnaît le responsable filières. Conséquence de cet engouement, l’initiative va être dupliquée « beaucoup plus rapidement que ce que l’on pensait », se réjouit Jean-Baptiste Rogez. Dès le premier semestre 2021, des projets, en lien avec des acteurs du territoire, pour des filières de blé locales, verront le jour en Normandie, Occitanie, Vendée et Alsace.
« Le local, c’est du bon sens »
En parallèle de ces démarches territoriales, le groupe U travaille à développer les circuits courts pour ses 1 601 magasins indépendants. « Nous répondons de plusieurs manières à cette demande. Cela passe aussi par les partenariats locaux noués par chaque magasin, avec des agriculteurs, éleveurs, artisans, de son territoire », précise Jean-Baptiste Rogez. N’y a-t-il pas un risque d’érosion de cette tendance de consommation, une fois la crise passée ? « Je ne crois pas à un effet de mode, le local c’est du bon sens, indique-t-il. Travailler avec des opérateurs que nous connaissons, présents sur un même territoire, est rassurant pour les consommateurs. Cela permet aussi de soutenir l’emploi dans sa région, participer à une rémunération juste des agriculteurs, s’impliquer dans la transition agricole, au-delà des questions de sécurité sanitaire. Covid ou non, nous resterons dans cette dynamique. »
Cet article a été publié dans le n°7 (septembre 2020) du magazine Culture Agri. Pour s’abonner, c’est ici.