Dans une atmosphère humide, les cellules de la plante sont ouvertes et sont donc réceptives aux gouttes de bouillie de traitement et à leurs matières actives. Par une météo parfaite, celles-ci atteignent leur cible sans être déviées par une rafale de vent, ou même sans être séchées quelques dizaines de centimètres seulement après leur sortie de buse en cas de température élevée. Des conditions parfaites que guette Hugues Demarest d’Annois (Aisne) pour sortir son pulvé, même s’il faut traiter la nuit. “Les conditions optimales ne durent parfois que quelques dizaines de minutes ! a-t-il constaté. L’année dernière, le printemps était très sec et l’hygrométrie montait au-dessus de 80 % au moment de la rosée du matin, puis retombait une demi-heure plus tard. Dans ce cas-là, il faut vite partir traiter et arrêter dès que les conditions ne sont plus réunies : je désherbais mes betteraves par moitié de champ !”
Station météo et conditions favorables
D’une manière générale, les meilleures conditions météo sont souvent réunies à la tombée de la nuit ou au lever du jour : “Mon pulvérisateur est toujours sur le départ, sous la potence à eau. Avec cette méthode, il faut en effet être très réactif. À raison de deux tours de plaine par semaine (en moto pour aller au milieu des parcelles), je sais ce que j’ai à traiter. Quand ma station météo m’indique des conditions favorables, j’y vais. Et je termine fréquemment vers 23 heures ou minuit. Le soir, je fais surtout les fongicides, et le matin les herbicides. De cette manière, j’ai du temps pour rincer le pulvé et le préparer pour le soir…” Hugues Demarest peut ainsi concilier responsabilités professionnelles la journée et traitements réussis matin et soir !
Démarche citoyenne
Cette technicité lui permet aussi de réaliser des économies substantielles. “Je traite à 70 l/ha, ce qui me permet d’économiser l’eau, que je paie en étant raccordé au réseau. Avec 80 l/ha économisés à chaque traitement, sur 100 ha dont 20 ha de betteraves, on voit la différence en fin d’année !” Cette démarche est aussi citoyenne. L’agriculteur cherche à “être mieux en phase avec la société”, tout en améliorant ses marges. Il travaille donc en “protection intégrée”, c’est-à-dire avec des cultures classiques semées à basse densité, donc plus robustes aux conditions climatiques et moins sensibles aux maladies.
“Avec cette méthode de travail, on évolue sur le fil du rasoir, confie-t-il. Jamais de traitement préventif, et les applications au moment juste imposent de réagir vite. Quand les conditions sont réunies, il faut traiter un maximum de surface. À 15 km/h, cela ne pose pas de problème. De plus, il est très rapide à mettre en œuvre et passe même en conditions difficiles, grâce à son poids limité et à sa cuve de 850 l. L’enjeu est important : une année j’ai désherbé mes betteraves par une hygrométrie insuffisante : le produit n’a pas fait effet ! Désherbage raté…”
Suivre finement
Hugues Desmarest a commencé avec un petit hygromètre portable. Puis il s’est équipé d’une station météo à poste fixe. Il a réparti les capteurs dans sa cour de ferme. L’anémomètre est, par exemple, en haut du toit de la grange. Une installation facilitée par l’absence totale de fil : les données sont transmises par ondes radio. “Les indications sont très complètes : température intérieure et extérieure, hygrométrie, baromètre, pluviométrie et intensité de la pluie, vitesse et direction du vent. Je peux la relier à l’ordinateur pour établir des statistiques et suivre plus finement. Pour les hygrométries matinales, on peut même programmer une alarme.” Il n’y a plus qu’à sauter du lit au pulvé pour en profiter