« La succession de crises – sanitaire, inflationniste et écologique – doit nous conduire à réinventer nos modes d’action publique afin de mieux répondre aux besoins de la population tout en préservant l’environnement », annonce le président du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, dans un communiqué de presse diffusé le 1er décembre dernier. Dans ce sens, une collaboration avec l’organisation Action contre la Faim a vu le jour afin « d’expérimenter la mise en œuvre d’un chèque alimentation durable », précise le département.
Alors que plus de 32 % des Français ne peuvent se procurer « une alimentation saine pour manger trois repas par jour », comme le révèle le baromètre de IPSOS/Secours Populaire, réalisé à l’été 2023, l’expérimentation ambitionne d’apporter des solutions concrètes et innovantes. Le département de Seine-Saint-Denis connait une précarité alimentaire « exacerbée avec un taux de pauvreté le plus élevé de métropole (…) et une production alimentaire de proximité faible», précise Frédérique Denis, l’une des conseillères départementales en charge du dispositif, à Culture agri.
Une expérimentation d’envergure
Lancée suite à un appel à projets nommé «Mieux manger pour tous », cette expérimentation devrait concerner plus de 1300 personnes réparties sur quatre communes distinctes (Montreuil, Clichy-sous-Bois, Sevran et Villetaneuse), et un public-cible déterminé par le département (tels que les étudiants ou les ménages en situation de précarité). « L’aide apportée sera à hauteur de 50 euros par personne et par mois, avec une bonification possible de 25 euros pour l’achat de produits bio et durables », indique Frédérique Denis. Le projet possède un budget global d’environ 2,3 millions d’euros avec une aide de l’Etat à hauteur de 1,5 million d’euros. Cette expérimentation sera suivie par un dispositif d’évaluation des effets sur la sécurité alimentaire précise le département, ainsi que d’un accompagnement social et nutritionnel.
La collaboration avec Action contre la Faim
Aïcha Koraïchi, présidente d’Action contre la Faim, affirme, pour sa part, que ce projet s’inscrit dans leur volonté de « co-construire et d’expérimenter avec (…) les acteurs clés des territoires des approches nouvelles pour favoriser l’accès digne de toutes et tous à une alimentation saine et durable ». L’organisation était déjà présente au sein du département avec le projet Passerelle, mis en place dans la ville de Montreuil en 2022. Celui-ci est une réponse à la crise sanitaire de 2020 et la naissance de nouveaux foyers de précarité. L’aide apportée à plus de 200 foyers est à hauteur de 65 euros par mois dans la ville. En ce qui concerne le chèque alimentation durable, le département n’exclut pas une suite pour cette nouvelle collaboration avec l’organisation : « Pour le moment ce partenariat est très vivant et fertile, mais nous n’en sommes qu’à la phase de rencontre », rappelle Frédérique Denis.
Après une phase de test débutée en octobre, l’expérimentation du chèque alimentaire durable devrait commencer en mai prochain, indépendamment de la politique nationale des chèques alimentaires enterrée par le ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, le 7 janvier 2024.