Un Phytobac pour traiter les eaux

20 janvier 2006 - La rédaction 
À la tête d’une exploitation de 220 ha, Jean-Marie Fontaine s’est lancé dans la démarche Quali’Terre. Pour cette raison, il a transformé son aire de lavage en aire de remplissage et de rinçage du pulvérisateur. Il a aussi fabriqué un Phytobac pour traiter les eaux de lavage.

Agriculteur à Laon, dans l’Aisne, Jean-Marie Fontaine s’est installé en 1996 avec son père. Employant deux salariés agricoles, l’exploitation s’étend sur 218 ha, qui se partagent entre 110 ha de céréales et oléoprotéagineux, 50 ha de betteraves, 20 ha d’oignons et 30 ha de haricots et pois. Ces dernières cultures, en contrat avec Bonduelle, imposent une gestion rigoureuse des intrants. “Une seule erreur et l’industriel rompt le contrat”, précise l’agriculteur. Aussi, lors de sa formation de BTS d’analyse et conduite des systèmes d’exploitation, Jean-Marie Fontaine a été très sensibilisé à l’agriculture raisonnée et aux bonnes pratiques des phytosanitaires. “On nous parlait de la nouvelle Pac, des attentes de la société, de la démarche Quali’Terre”, se souvient-il.

Ecarter les risques d’erreurs

L’exploitant s’engage alors dans la démarche Quali’Terre. Il met en place des bandes enherbées entre les différents îlots, pour un total de deux hectares, et installe un local phytosanitaire sécurisé. En sortie de puits, qui fournit 180 m3/h, il a placé un volucompteur précédé d’un diviseur de débit. “Les bonnes pratiques des produits phytosanitaires commencent par un dosage juste”, affirme Jean-Marie Fontaine. Pour un bon usage du volucompteur, l’agriculteur a affiché une notice d’emploi à proximité. “Nous avons en permanence deux salariés. Les informer, c’est une bonne méthode pour écarter les risques d’erreur.”

Une installation simple

De même, il a transformé sa dalle de lavage en plate-forme de récupération des résidus de produits phytosanitaires. “Je rince la cuve du pulvérisateur au champ, explique Jean-Marie Fontaine, mais il reste toujours des faibles quantités de produits phytosanitaires qui se mélangent à l’eau lors du lavage extérieur du pulvérisateur.” Pour traiter ces résidus, l’agriculteur dispose d’un Phytobac. Mise au point par Bayer CropScience, cette installation inspirée des « biobeds » suédois consiste en une cuve couverte contenant un mélange de terre à pH neutre (70 %) et de paille (30 %). Jean-Marie Fontaine a construit la sienne artisanalement, à partir d’une cuve à fuel de 10 m3 dont une partie supérieure a été tronquée. Il y a ensuite versé 7 m3 de mélange terre-paille.

Des bactéries dégradent les produits

“En faisant le bilan des interventions sur toutes les cultures et des fréquences de pulvérisation pour chacune d’entre elles, commente Jean-Marie Fontaine, la Chambre d’agriculture de l’Aisne a estimé qu’une installation d’une capacité de 7 m3 était suffisante.” Par ailleurs, et pour éviter les infiltrations d’eau de pluie, la cuve enterrée est couverte d’une petite toiture en tôle, à 20 cm du sol. “Si le mélange terre/paille est inondé, il s’asphyxie. Pire, l’eau peut déborder et polluer autour de la cuve, explique Alain Tournier, technicien à la Chambre d’agriculture de l’Aisne. Pour être actives, les bactéries qui dégradent les produits phytosanitaires doivent rester dans un milieu relativement sec.” Enfin, un réseau de tuyaux percés disperse les eaux de rinçage au-dessus du mélange terre-paille.

Nombreux essais

“Le Phytobac est un système très efficace, explique Alain Tournier. Certains agriculteurs tendent à critiquer cette solution parce qu’elle concentre la pollution. C’est justement le fait de concentrer les produits qui rendent le Phytobac réactif, puisque l’on sélectionne les bactéries qui supportent des doses importantes de phytosanitaires, mais surtout qui les dégradent très rapidement. De nombreux essais ont été réalisés à des doses de produits phytosanitaires volontairement exagérées : trois mois après, il ne reste que des traces, voire plus rien”. Côté investissement, il s’élève à 1 800 euros au total, dont 800 euros de volucompteur. À noter que l’agriculteur possédait déjà la cuve de 10 m3 et que le CTE (contrat territorial d’exploitation) a participé pour moitié au financement. Quant à l’entretien, il faut ajouter un peu de paille de temps en temps et le mélange doit être retourné une fois par an.

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