Des chercheurs du Centre commun de recherche de la Commission européenne se sont intéressés, dans une étude publiée en septembre dans la revue Nature Sustainability, à l’empreinte hydrique de trois pays : la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Ce concept désigne la quantité d’eau prélevée pour produire et transformer des biens alimentaires, consommés dans une région donnée. Les auteurs de ce document ont évalué cette empreinte en fonction de différents régimes alimentaires : avec viande, sans viande mais avec poisson, végétarien. Les résultats présentés découlent de l’utilisation de la méthode Water Footprint (cf. encadré). La période de référence de l’étude est 2007-2011.
La France consomme plus d’eau que ses voisins
Premier résultat de cette étude, les Français consomment plus d’eau que les habitants du Royaume-Uni et d’Allemagne pour leur alimentation. Leurs consommations respectives s’élèvent à 3 861 litres/personne/jour, contre 2 757/personne/jour et 2 929/personne/jour. L’Hexagone se trouve même au-delà de la moyenne mondiale, établie à 3 167 litres/personne/jour.
Des écarts qui, selon l’étude, s’expliquent par des habitudes alimentaires et des modes de production différents. La France est une plus grande consommatrice de viande et vin, des aliments qui nécessitent de grandes quantités d’eau. Au sein d’une même production, le résultat est identique : 582 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de blé en France, contre 412 litres outre-Manche. De fortes disparités existent au sein même d’un territoire. Ainsi, en France, l’empreinte hydrique varie de 3 303 à 5 149 litres/personne/jour.
Les régimes sans viandes consomment moins d’eau
Autre conclusion tirée par l’étude, une alimentation saine – c’est-à-dire telle que définie par les recommandations publiques (du Programme national nutrition santé, PNNS, dans le cas de la France) – permet de réduire considérablement l’empreinte hydrique d’un pays. Dans le cas d’un régime omnivore, celle-ci est réduite de 11 à 35 %. Ceux pescitariens et végétariens sont encore plus efficaces selon l’étude, avec une baisse de l’impact sur les ressources en eau de 35 à 55 %. Les auteurs pointent notamment la surconsommation actuelle de viande rouge, de produits laitiers, de sucres et de matières grasses. « L’adoption d’une alimentation saine est non seulement bénéfique pour la santé humaine, mais elle réduit également de manière substantielle la consommation de ressources en eau, de manière cohérente pour toutes les entités géographiques des trois pays », concluent ainsi les auteurs de l’étude.
Éclairage sur le Water Footprint
La méthode Water Footprint affirme que 15 000 litres d’eau seraient nécessaires pour produire un kilo de viande bovine. Elle arrive à ce résultat en comptabilisant l’eau bleue (volume capté dans les eaux de surface et nappes phréatiques), l’eau grise (polluée par les processus de production) et l’eau verte (eau de pluie stockée dans le sol). Une méthode alternative a été élaborée au début des années 2000 par la communauté scientifique, peu convaincue par les procédés de calculs de Water Footprint. Cette méthode, dite « prélevée consommée », encadrée par la norme ISO 14046:2014, estime ainsi que 207 litres sont nécessaires à la production d’un kilo de viande bovine.