Produire en respectant l’environnement
Autre facette de la démarche : des productions plus respectueuses de l’environnement. En matière d’élevage de bovins, les exploitants Bordeau ont remplacé les vaches de la race normande par des pie noire. Elles sont plus ro-bustes, broutent mieux l’herbe ce qui permet d’incorporer moins de maïs dans la ration, avec aussi, en final, une économie d’eau d’irrigation utilisée pour cette plante. Si cette race produit moins de lait, le prix de revient du litre est moins élevé. Le choix est économiquement rentable.
Les techniques culturales permettant d’utiliser moins d’intrants sont aussi privilégiées. Par exemple, la décision de produire du méteil, un mélange d’avoine, pois fourrager, féverole, triticale ; une culture peu exigeante. Cette année, elle n’a nécessité aucun traitement. Pour le désherbage, les solutions mécaniques sont favorisées plutôt que de faire appel aux produits chimiques. “Le tout est de veiller aux équilibres. Ainsi, la plantation de haies a entraîné l’apparition de méligèthes, insectes particulièrement nuisibles au colza. L’introduction d’une colonie de coccinelles a résolu le problème, souligne Béatrice Bordeau. De plus, les haies ont contribué à la réapparition de lièvres et chevreuils.”
Partager ses convictions
Une autre face de la philosophie des Bordeau : le collectif. Loin d’être repliés sur leur ferme de manière autarcique, ils veulent faire partager leurs convictions. Pour les haies, ils ont participé au démarrage d’une plantation avec d’autres agriculteurs dont le bois est notamment destiné aux chaudières de collectivités. Un animateur recruté en emploi jeune a réussi à convaincre une commune voisine d’investir dans une chaudière à bois pour chauffer sa piscine. L’intérêt grandissant pour le bois énergie dans la région conduit à la création en 2005 de l’association “bois, bocage, énergie”, permettant d’avoir une structure juridique et économique pour pouvoir contractualiser la vente du bois avec les clients. L’exploitation des Bordeau est aussi une ferme pédagogique, ouverte aux écoles. Et comme l’explique Béatrice Bordeau, “réaliser un projet chez soi, c’est intéressant. La dynamique collective et le partage avec les autres, c’est encore plus passionnant”.
Le bois issu de la taille des haies est déchiqueté en copeaux pour alimenter la chaudière. Les Bordeau ont même contribué à l’installation d’une chaudière à bois dans l’école du village qu’ils fournissent en combustible.
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Des panneaux solaires ont été installés en 2003, notamment pour prendre le relais de la chaudière à bois pendant l’été. |
En 2002, l’achat en Cuma (Coopérative d’utilisation de matériel en commun) d’une presse à huile permet d’utiliser l’huile de colza dans le tracteur. à l’époque, il s’agissait d’une prouesse, vu les freins techniques et administratifs, sans oublier les nombreuses critiques. Le résidu du pressurage du colza donne du tourteau (notre photo) qui est utilisé pour l’alimentation des animaux.
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Toujours dans la même philosophie d’éviter le gaspillage et d’exploiter au mieux les ressources naturelles, les Bordeau ont mis en place un système de récupération des eaux de pluie. |
En premier plan, un prototype de four solaire pour la cuisine. Petit clin d’œil à la démarche énergies renouvelables. En deuxième plan, le poulailler chauffé par la chaudière à bois et le tracteur fonctionnant à l’huile de colza.
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