Viande de cheval, Spanghero en accusation

15 février 2013 - La rédaction 

Suspension provisoire de l'agrément de la société Spanghero, qui pourrait conduire à un retrait définitif dès la semaine prochaine ; ouverture d'une enquête par le Parquet de Paris pour, a minima, un délit de tromperie sur la nature et l'origine d'un produit… La responsabilité de Spanghero semble clairement établie pour les ministres de l'Agriculture, de la Consommation et de l'Agroalimentaire. L'entreprise, filiale de la coopérative Lur Berri, a revendu à Comigel, fabricant de plats cuisinés, quelque 550 tonnes de viande de cheval roumaine ré-étiquetée par ses soins viande de boeuf. 200 autres tonnes ont été transformées par Spanghero et revendues sous sa marque.

Un gain estimé à 550 000 euros sur six mois de trafic
Le gain, compte tenu de l'écart entre les deux types de viande, a été estimé par Benoît Hamon, ministre de la Consommation, à 550 000 euros, sur la base des contrôles actuels, qui remontent à environ six mois. La filière fonctionnait peut-être depuis plus longtemps. Les abattoirs roumains ne semblent pas en cause, la viande étant correctement identifiée à l'origine. L'intermédiaire chypriote/néerlandais semble le premier maillon du trafic, Spanghero assurant le changement d'étiquette de BF origine roumaine (signifiant viande désossée) en BF d'origine UE, induisant bœuf d'origine européenne. Reste à établir ensuite la responsabilité de Comigel. Mais on imagine mal des professionnels ne pas faire la différente de couleur, texture et odeur entre les viandes de bœuf et de cheval…

 class=
Benoît Hamon (à droite), ministre de la Consommation, présente un document type accompagnant les lots de viande. Ici, BF 90 signifie avant d'animal désossé. Et non bœuf français. A gauche, Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture

Le Parquet de Paris et Europol saisis
La justice va permettre de clarifier ces différents points. Au niveau national, mais aussi européen. Europol aura en charge la coordination des actions. Le retrait des lots concernés ne sera pas suffisant pour rassurer les consommateurs, perplexes devant la complexité des circuits de l'industrie agroalimentaires. A moyen terme, d'autres mesures devront être mises en place : sur l'étiquetage des viandes (l'accélération d'un rapport européen sur cette question est promise) ; sur l'extension des normes ou la mise en place d'un agrément pour les traders. Le 19 février, les professionnels de la filière viande seront réunis au ministère de l'Agriculture pour « voir comment améliorer les contrôles qualité, traçabilité et l'information des consommateurs ». Si les pouvoirs publics ont été très rapides dans la gestion de cette crise, ils devront aussi s'interroger sur l'efficacité des contrôles et les moyens alloués.

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter