Animal, viande et société, des liens qui s'effilochent. En choisissant ce thème pour le colloque qui s'est tenu le 31 mai 2016 à Paris, Pierre-Michel Rosner, directeur général du CIV-Viande, Sciences et Société, n'a pas souhaité apposer un point d'interrogation. Le décalage de perception entre les consommateurs et la réalité de l'élevage s'amplifie, et ce n'est pas nouveau.
Du côté de la consommation, c'est dans la restauration scolaire et en entreprise que les évolutions et attentes sont les plus grandes. Pour Célia Potdevin de l'association CLCV, le consommateur construit son opinion avec ce qui l'entoure, les médias et internet sont très présents dans son orientation.
Le 31 mai, lors d'un colloque du CIV-Viande Sciences et Société, les experts ont expliqué que pour redonner sa place à la viande, il fallait recréer des liens entre le consommateur et l'élevage.
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Les questions de bien-être animal montent en puissance, avec une étape importante en droit français en 2015 : la reconnaissance de la sensibilité de l'animal. Cet enjeu est très présent dans les pays nordiques avec des signes de reconnaissance spécifiques et pratiquement absents dans ceux des pays du sud. « La France est à un niveau intermédiaire », explique Christine Roguet, chef du pôle économie de l'Ifip-institut du porc.
Hervé Gomichon, responsable qualité chez Carrefour, note que les consommateurs sont de plus en plus attentifs sur l'origine et le mode de production, intensif ou pas. Carole Galissant, directrice du pôle culinaire chez Sodexo, explique que l'enjeu est de réassurer le consommateur, surtout si c'est un parent d'élève. Elle prend l'exemple des œufs de poules élevées en plein air : « La demande est forte, on va devoir y venir. »
Pour ré-enchanter la consommation de viande, la solution est d'innover dans les usages et de communiquer, « donner du lien, passer de l'état de méfiance à celui de confiance », souligne Hervé Gomichon. Il estime que de nouveaux liens entre le consommateur et le la filière émergent. Ils sont liés à l'environnement dans lequel évolue le consommateur et portent sur le bien-être animal, la santé, la nutrition. « Tous ces nouveaux liens créent de l'attente », complète-il. Autres pistes : travailler sur ce qui induit l'acte d'achat du consommateur et sur les clés de lecture du produit, à condition que ce soit simple. L'origine et le respect de l'éleveur pour ses animaux sont les valeurs montantes.