Bouleversements climatiques, la filière AOP Abondance réfléchit à son avenir

Face aux enjeux climatiques et économiques actuels, la filière Abondance cherche des solutions. Émilie Jacquot et Joël Vindret, respectivement présidente et directeur du syndicat interprofessionnel du fromage d’Abondance (Sifa), se sont exprimé sur ce dossier lors de la conférence annuelle de la filière le 27 juin. 

Difficile de maintenir les vaches au pâturage 

L’année 2022 a été particulièrement compliquée. « Il a été difficile de maintenir les vaches au pâturage, et de gérer l’abreuvement des troupeaux, explique Joël Vindret. Le climat a pénalisé la production de foin, et le regain des prairies. L’absence d’ombre a également posé problème. » Le réchauffement climatique fait donc partie intégrante du quotidien des éleveurs, qui doivent s’y adapter. « Même si la situation de 2023 n’est pour le moment pas préoccupante, car nous avons récolté assez de fourrage, les éleveurs de la région réfléchissent à une modification du cahier des charges », ajoute t-il. L’idée serait par exemple d’imposer moins de temps au pâturage pour les animaux.

Le Nutri-score fait aussi réagir les éleveurs 

La modification du cahier des charges n’est pas le seul enjeu pour les éleveurs. Une exemption du Nutri-score est également demandée. Ce fromage est classé D par cet affichage nutritionnel et se retrouve derrière des produits industriels. De quoi titiller les producteurs et toute la filière Abondance. « Cet affichage peut être contestable dans sa méthode de calcul, car il est basé sur 100 grammes de produit, affirme Joël Vindret. Or, il est peu probable d’en consommer cette quantité. Par ailleurs, cette étiquette tient très peu compte des autres apports de notre fromage, comme le calcium, le zinc, la vitamine A ou encore le phosphore. »

Il y a donc une volonté de faire bouger les lignes, mais plutôt du côté du Nutriscore et de sa méthodologie, car du fait de l’AOP, la recette de l’Abondance est protégée, et donc impossible à modifier. Néanmoins, le Sifa note que l’intérêt du consommateur pour l’Abondance ne se dément pas, comme le montre une étude présentée lors de la conférence.