Gel : au moins 50% de cerises en moins cette année

1 septembre 2021 - Laure Hänggi 
Avec des récoltes réduites de moitié en raison du gel notamment, la filière cerise a beaucoup souffert en 2021. Alexandra Lacoste, directrice de l’association d’organisation de producteurs AsOP cerises de France, et Olivier Salignon, directeur de l’organisation de producteurs Sica « Val de Nesque », membre de l’AsOP, dressent le bilan de cette« année sans précédent ». Ils insistent notamment sur le rôle de l’organisation de producteurs en temps de crise et face au changement climatique.

L’année 2021 a été marquée par des de fortes périodes de gels, qui ont sévèrement touché les vergers français. Loin d’être une exception, la filière cerise a connu « une année sans précédent », assure Alexandra Lacoste, directrice de l’AsOP* cerises de France, qui regroupe dix organisations de producteurs (OP) fruitières.

Une année historique pour la filière

« Cette année, le gel a fait baisser les récoltes de 500 tonnes de fruits, par rapport aux 1000 tonnes d’une année normale », explique Olivier Salignon, producteur de cerises et de raisin de table à Malemort du Comtat (84), et directeur de l’organisation de producteurs « Sica Val de Nesque », membre de l’AsOP. Une situation compliquée confirmée par Alexandra Lacoste : « Au niveau de l’AsOP, il a fallu tout réorganiser à cause du gel, estimer les pertes, informer l’aval sur les décalages d’approvisionnement et organiser des réunions d’interprofession ». L’événement est d’autant plus important que ce n’est pas un cas isolé. L’année dernière, des épisodes semblables avaient causé une récolte moindre sur l’exploitation d’Olivier, même si les conséquences étaient moins marquées à l’échelle de la filière.

L’OP, une aide en cas de crise

Pour contrer les pertes économiques liées au gel, les agriculteurs ont notamment pu déposer des dossiers afin de recevoir l’aide de calamité agricole prévue par l’Etat. Selon Olivier Salignon, « c’est loin d’être négligeable, ça nous permet de sortir la tête de l’eau ». L’acompte est attendu entre octobre et novembre. Pour remplir ces dossiers, les agriculteurs rassemblés en OP ont pu bénéficier, si besoin, d’un appui de leur structure.

Pour Olivier Salignon, l’organisation de producteurs aide aussi plus largement à affronter les pertes de récoltes. En effet, en permettant de mutualiser les moyens de commercialisation, la structure rééquilibre les relations commerciales avec les acteurs économiques de l’aval de leur filière. Et cela est d’autant plus important en temps de crise. « En plus de s’occuper de la commercialisation, notre OP a une trésorerie suffisante pour aborder les années difficiles, c’est sécurisant pour tous les agriculteurs. »

La cerise, largement menacée par le climat

Plus généralement, les difficultés liées au changement climatique menacent dangereusement la filière. « Le cerisier est l’arbre qui a le plus besoin de jours de froid en hiver, explique Alexandra Lacoste. Pour cela, l’AsOP est très investie dans la recherche de moyens de sélection pour s’adapter au changement climatique ». Autre problème pour la cerise, la drosophile suzukii, qui pond des œufs dans les fruits, dont la recherche de moyens de lutte fait partie du projet de restructuration de la filière de 2019.

Malgré les difficultés rencontrées, entre 50 et 70% des vergers de l’AsOP sont aujourd’hui classés Haute valeur environnementale (HVE), et la tendance est à l’augmentation.

*Association d’organisations de producteurs

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