La lavande a pratiquement doublé ses surfaces françaises en dix ans

19 juillet 2019 - Eloi Pailloux 
La filière lavande française se porte bien. Ses surfaces augmentent, son impact environnemental est amené à diminuer dans les années à venir. Le fruit d'une remise en cause effectuée dans les années 2000, où le secteur a été bousculé pour différentes raisons. Explications.

Récolte d’une parcelle de lavande, dans la Drôme, une région où la culture gagne de plus en plus de surfaces.

C’est l’histoire d’une filière agricole française, celle de la lavande, chahutée par un insecte et par une concurrence internationale qui s’est intensifiée, mais qui a su rebondir. « Dans les années 2000, les producteurs ont dû faire face à une maladie, le phytoplasme du Stolbur, véhiculée par un insecte, la cicadelle, rappelle André Hyvrier, agronome pour Elixens, société produisant des huiles essentielles. Les zones de production traditionnelles ont été le plus durement touchées. La maladie peut détruire une parcelle en deux ans. » Il s’exprimait le vendredi 12 juillet, lors d’une journée dédiée à la presse, dans la Drôme.

La concurrence bulgare

La lavande française a connu un autre challenge : en 2007, la Bulgarie entre dans l’Union européenne. Elle profite depuis de programmes de développement réservés aux États membres, dont l’agriculture nécessite un coup de pouce. En Bulgarie, ils serviront notamment à la lavande. Au point de prendre à la France son leadership sur le marché mondial. « Cette période difficile a été l’occasion d’une remise en cause, aussi bien stratégique qu’agronomique », glisse Alain Aubanel, président de l’interprofession des huiles essentielles.

Face au risque sanitaire posée par le phytoplasme du Stolbur, la filière a activé le levier de la sélection, optant pour des variétés résistantes à cette maladie. Elle a également confié au Groupement interprofessionnel des semences et plants (Gnis) une certification pour les plants de lavande sains. De nouveaux territoires ont été « colonisés ». Comment ? En développant une filière très qualitative, et donc rémunératrice, susceptible de convaincre les agriculteurs de remplacer, en partie, des cultures plus traditionnelles.

Une production de qualité

Alain Aubanel, président de l’interprofession française des huiles essentielles.

La qualité, c’est aussi la réponse face à la production bulgare. Si la France ne produit que 120 tonnes d’huiles essentielles en 2018, contre 300 tonnes pour la Bulgarie, « la qualité française est jugée inégalée sur le marché », affirme André Hyvrier. Une qualité qui tient au fait que la lavande hexagonale est le plus souvent produite via le mélange de 10 à 50 variétés naturelles, gage de richesse. La lavande française se voit privilégiée par les débouchés les mieux valorisés : aromathérapie, parfumerie et cosmétique. Sur le reste du marché, la « parfumerie fonctionnelle » (désodorisants, produits ménagers…), la France n’est pas en reste grâce à la production de lavandin, une espèce cousine de la lavande parfaitement adaptée à ces débouchés.

Des objectifs environnementaux à 5 ans

« Avec 25 000 ha de lavandin, et 5 000 ha de lavande, les surfaces ont pratiquement doublé en dix ans », synthétise Alain Aubanel. Et la durabilité des modes de production n’est pas sacrifiée dans cette dynamique. 30 % des huiles essentielles de lavande produites en France le sont en bio. « La filière a développé des outils pour mieux surveiller les ravageurs et les piéger, afin de limiter les usages de pesticides », complète Alain Aubanel. Comme toutes les filières agricoles, celle des huiles essentielles a construit son « plan de filière » suite aux États généraux de l’alimentation, fin 2017. Il porte notamment l’objectif, à cinq ans, de réduire la consommation d’énergie consommée de 10 %, en plus d’un déploiement des méthodes « alternatives », notamment aux pesticides, sur 45 à 50 % des superficies, contre 25 à 30 % aujourd’hui.

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