« Un coup d’enfumage » : ce sont les mots choisis par l’Unaf pour qualifier le plan de soutien national à l’apiculture présenté par le gouvernement le 23 février, dans un communiqué diffusé le 29 février. « Ce sont des mesures déjà connues, un coup de communication aux mesurettes qui est loin de répondre aux enjeux actuels », déclare Christian Pons, président de l’Unaf et apiculteur professionnel. L’union soutient qu’un budget de 30 millions d’euros serait nécessaire pour relancer la filière apicole en difficulté. « On est loin du compte », affirme Christian Pons, le plan d’action du gouvernement n’en proposant que 5 millions.
L’Unaf revient également sur les problèmes d’importation que subissent les miels français : « Les mesures contre la fraude et la transparence ne sont qu’un recyclage de ce qui a été annoncé par l’Union européenne, le gouvernement manque l’occasion d’aller plus loin en imposant la traçabilité ».
500 000 euros pour l’interprofession InterApi
« En légitimant InterApi, qui ne représente, en réalité, ni l’amont ni l’aval, le ministère se trompe gravement d’interlocuteur », affirme par ailleurs l’Unaf. Interapi, l’interprofession des produits de la ruche, a en effet eu une place importante dans le plan de soutien du gouvernement sur le volet communication, avec une enveloppe de 500 000 euros supplémentaires. Selon l’union des apiculteurs, « les campagnes de communication [de Interapi], ne portent malheureusement pas que sur les miels français ». Le syndicat soutient par ailleurs que les apiculteurs restent les meilleurs porte-paroles de la filière. « Les 500 000 euros promis devraient être alloués aux collectivités régionales pour promouvoir les miels de terroir », déclare le syndicat. L’union regrette par ailleurs le choix du gouvernement de légitimer l’interprofession qui ne fait pas l’unanimité auprès des apiculteurs : « La majorité des annonces de Marc Fesneau risque de renforcer uniquement les moyens financiers de l’interprofession InterApi qui est largement contestée par les syndicats apicoles ».
Une apiculture fragilisée
Selon l’Unaf, l’apiculture est fragilisée par le changement climatique, les prédateurs des abeilles et les importations. « L’impact économique du frelon asiatique est colossal pour de nombreuses exploitations apicoles françaises, avec des pertes de colonies de 30% supplémentaires », juge l’Unaf. L’union s’était déjà mobilisée sur ce sujet : « Nous alertons le gouvernement depuis des mois (manifestation à Paris en décembre 2023) sur l’urgence de réponses conjoncturelles et structurelles ». A la suite des annonces du plan de soutien, plusieurs questions demeurent pour les apiculteurs notamment sur les modalités de trésoreries censées soulager les apiculteurs, jugées encore trop floues par l’Unaf. « Soutenir l’apiculture, c’est soutenir l’agriculture dans son ensemble et donc la souveraineté alimentaire, étant donné le rôle central des abeilles dans la pollinisation », assure Christian Pons. L’Unaf assure vouloir continuer la mobilisation pour soutenir la filière et obtenir des « avancées significatives ».
Le plan d’action de soutien du gouvernement annoncé le 23 février 2024 est composé de quatre mesures principales :
- lutter contre les fraudes et améliorer la transparence de l’information du consommateur
- communiquer positivement sur le miel et autres produits de la ruche
- améliorer la connaissance du marché du miel et autres produits de la ruche et encourager les partenariats entre producteurs et conditionneurs
- conforter la résilience de la filière apicole