L’arrivée du prochain Plan national d’action (PNA) pour le loup et les activités d’élevage fait du bruit. Alors que des présidents de conseils départementaux des Alpes ont récemment adressé une tribune au Gouvernement, suggérant de renforcer les mesures de protection face aux attaques de loups dans les élevages, sept associations de protections de la nature* avaient formulé, au printemps dernier, des propositions publiées sur leurs sites internet, davantage axées sur la préservation de l’espèce.
Le loup aurait, lui aussi, son rôle à jouer
D’après les associations, la protection du loup est nécessaire pour le rôle primordial qu’il joue dans le fonctionnement des écosystèmes. Grand prédateur, il permettrait de réguler les populations d’ongulés, ou dans une moindre mesure, les inciter à se disperser. Car en effet, la surpopulation de cerfs, sangliers et chevreuils peut être désastreuse, comme l’explique l’Office National des Forêts (ONF) sur son site : « Présents en trop grand nombre, ces animaux consomment en quantité importante les jeunes arbres, compromettent ainsi la croissance et le renouvellement des peuplements forestiers et appauvrissent la diversité des essences, notamment celles adaptées au changement climatique. »
Une population jugée fragile
Le maintien de la population de loups n’est pas garanti sur le long terme pour les associations, malgré sa croissance actuelle. En effet, elles indiquent que le taux de mortalité de l’espèce aurait dépassé les 40 % en 2018, selon un rapport de l’OFB et du CNRS publié en 2020. Un résultat élevé, que les associations expliquent par l’« augmentation substantielle et continue des plafonds annuels d’autorisation de tirs létaux », et qui laisserait entrevoir une « possible régression » démographique. « L’élimination d’un loup doit être une pratique ciblée et exceptionnelle », défend le collectif, en faveur d’une réglementation plus stricte sur les pratiques d’abattage, avec notamment l’interdiction des tirs de prélèvements, pratiqués par les chasseurs.
Les associations n’attribuent d’ailleurs pas de lien direct entre la démographie lupine et la quantité de dommages provoqués aux troupeaux. En effet, elles affirment que la population ayant certes été multipliée par deux depuis 2018, le nombre d’élevages victimes d’attaques attribuées au loup, lui, a diminué de 22 %, selon des chiffres de la Dreal AURA concernant les territoires alpins.
La préparation serait la meilleure défense
Attaquer la population lupine ne serait donc pas la solution pour se prémunir des attaques. « Il est nécessaire de s’inscrire dans une vision et une stratégie de long terme, avec les contraintes et les opportunités que [la dispersion des loups] représente » affirment les associations, qui se positionnent en faveur de mesures de préparation et d’adaptation à la venue des loups dans de nouveaux territoires, évitant ainsi les solutions d’urgence. Elles encouragent pour cela les méthodes de modélisation des futures zones d’installation des meutes, et suggèrent que les éleveurs soient mieux formés et accompagnés pour cohabiter avec. Enfin, elles soulignent l’importance de mieux connaître l’espèce, et de sensibiliser davantage le grand public sur son importance dans les écosystèmes.
*France Nature Environnement (FNE), Ferus, WWF, Humanité et Biodiversité, Animal Cross, Association de protection des animaux sauvages (Aspas), Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)