Elicit Plant est une entreprise qui formule et commercialise des produits biostimulants (1). Ces derniers permettent notamment de lutter contre le stress hydrique des plantes, en modifiant leur physiologie de façon à influer sur leur processus de transpiration. Explications avec son directeur général, Aymeric Molin.
Culture Agri : Comment avez-vous rejoint Elicit Plant ?
Aymeric Molin : Je suis ingénieur agronome de formation, j’ai travaillé 17 ans dans la fonction publique comme ingénieur des ponts, des eaux, et des forêts. En parallèle je suis agriculteur depuis 23 ans, je travaille sur une exploitation de 850 ha dont 200 irrigables.
Étant un vrai optimiste, passionné d’agriculture et convaincu que nous sommes en transition vers une agriculture plus agronome et moins chimique, j’ai immédiatement été convaincu par le projet un peu fou porté par Olivier Goulay, le fondateur de l’entreprise. Dans le cadre de ses recherches en pharmacologie et en cosmétique, il a découvert des propriétés d’une molécule végétale qui lui ont donné envie de l’utiliser contre le stress hydrique en agriculture. Souhaitant faire des expérimentations en plein champ le plus rapidement possible afin de tester les prototypes en conditions réelles, ma rencontre avec Olivier et Jean-François Déchant, le Président d’Elicit Plant, a été une chance pour nous trois. Mes compétences agronomiques et l’espace agricole disponible sur mon exploitation répondaient parfaitement aux besoins du projet. J’ai donc rejoint Elicit Plant en novembre 2017 et aujourd’hui, 600 m2 de ma ferme familiale sont consacrés à la recherche de l’entreprise, dont je suis directeur général.
C.A. : Comment se sont déroulées ces recherches pour aboutir à une levée de fonds de 16 M€ ?
A.M. : Les premiers essais en champs ont été lancés en 2018 et des observations très encourageantes ont été effectuées sur les cultures de maïs et de soja. En 2019 nous avons fait des tentatives de formulation et nous avons rencontré beaucoup d’échecs. Nous avons par la suite recruté une docteure en chimie. Une fois la formulation élaborée, nous avons pu déposer une demande d’autorisation de mise sur le marché, que nous avons obtenue en 2021. Afin de pouvoir commercialiser notre produit, nous avons effectué une levée de fonds qui a atteint 16 M€. Nous sommes très fiers des investisseurs qui y ont participé, dont le principal est Sofinnova, un fond porté notamment par des interprofessions, des coopératives et le Crédit agricole.
C.A. : Comment voyez-vous l’avenir de votre entreprise et de la filière des biostimulants ?
A.M. : En 2021, nous avons décidé de nous développer à l’international. En particulier au Brésil, grand producteur de maïs et de soja. 23 essais pilotés par un ingénieur agronome brésilien sont en cours, du Rio Grande do Sul au Mato Grosso.
En 2021, trente coopératives et prescripteurs français ont testé nos produits et ont obtenu des performances intéressantes malgré la météo très pluvieuse de l’été et la rareté des conditions de stress hydrique qui en ont découlé. L’objectif pour 2022 est qu’une centaine de coopératives testent nos produits pour les proposer ensuite à leurs adhérents.
Nous aimerions aussi élargir notre gamme de produits, et diversifier les espèces traitées. Cependant, nous souhaitons vraiment prendre le temps d’élaborer ces produits afin qu’ils répondent parfaitement aux demandes des agriculteurs.
J’espère aussi que nous aurons bientôt des concurrents, pour qu’il y ait le plus d’outils possible à disposition des agriculteurs. J’ai confiance en notre produit et au fait qu’il gardera sa place dans le paysage agricole. Les mentalités des agriculteurs évoluent et l’époque où la chimie était seule synonyme de performance est révolue. Ils se fient de plus en plus aux biosolutions non toxiques qui n’impliquent plus de faire une croix sur les rendements, c’est prometteur. Nos produits formulés par des agriculteurs pour des agriculteurs devraient gagner leur confiance sans problème.
- Selon l’Académie des biostimulants, ces produits sont des fertilisants qui stimulent le processus de nutrition des végétaux indépendamment des éléments nutritifs qu’ils contiennent, dans le seul but d’améliorer une ou plusieurs caractéristiques suivantes des végétaux ou de leur rhizosphère :
- l’efficacité de l’utilisation des éléments nutritifs,
- la tolérance au stress abiotique,
- les caractéristiques qualitatives,
- la disponibilité des éléments nutritifs confinés dans le sol et la rhizosphère