Installé depuis 50 ans dans la commune d’Ornans (Doubs), dans la maison natale du peintre, le musée Courbet accueille depuis le 27 juin l’exposition Ceux de la Terre. La figure du paysan de Courbet à Van Gogh. Bénéficiant de prêts de 40 partenaires, comme le Musée d’Orsay ou le Musée du Louvre, l’établissement présente 80 œuvres (peintures, sculptures, romans) jusqu’au 16 octobre. « Nous accueillons d’ordinaire des expositions dialogue, mettant en valeur l’œuvre de Gustave Courbet face à d’autres artistes. Cette thématique est nouvelle pour nous », explique Benjamin Foudral, le conservateur et directeur du musée. Nommé il y a deux ans, ce fils d’agricultrice explique avoir voulu mettre sur pied des expositions plus transversales. « Le sujet le plus pertinent qui m’est venu est celui de la représentation du monde paysan et rural », explique-t-il.
Deux grandes visions du monde paysan
Fils de riches exploitants agricoles lui-même, Gustave Courbet est une des figures de proue de la rénovation de la représentation paysanne au XIXe siècle. « C’est un phénomène culturel qui a transcendé
le milieu de l’art, indique Benjamin Foudral. De nombreux artistes vont, à cette époque, s’atteler à présenter la classe paysanne. » À travers la diversité des œuvres exposées, le musée Courbet souhaite mettre en lumière la diversité des approches et des regards des artistes de l’époque, nombreux à être eux-mêmes issus du monde rural. Deux grandes visions se dégagent néanmoins, résume le conservateur : une nostalgique, face à la montée en puissance du monde industriel, où l’agriculture est considérée comme un conservatoire de valeurs traditionnelles ; une positive, où la classe paysanne est considérée comme un vecteur de progrès.
Les agriculteurs réagissent aux œuvres exposées
« Le regard que porte la société actuelle sur le monde rural a été un axe fort de la construction de cette
exposition », insiste Benjamin Foudral. Ancré dans une ville de moins de 5000 habitants, le conservateur a
également voulu donner la parole aux agriculteurs de la région. Des discussions ont ainsi été organisées
avec des exploitants du département. Objectif : les faire réagir sur les œuvres exposées, sur ce qu’elles leur évoquent par rapport à leur situation, leur profession ou le regard de la société. Un parcours de visite bis, accessible via une application numérique, a été créé à partir de ces échanges. « C’est une parole unique, cela me tenait à cœur car nous souhaitons nous ancrer dans le présent, se réjouit Benjamin Foudral. Je veux montrer que le musée n’est pas uniquement un lieu élitiste, mais qu’il est ouvert à tous les publics, dont les agriculteurs, qui n’osent pas toujours franchir les portes de nos institutions culturelles. »