« Si la consommation de poulet augmente, principalement hors domicile, la production française elle, stagne » annonce l’interprofession Anvol à l’occasion d’une conférence de presse sur l’état des lieux de la filière, le 20 février 2024. Consciente de cette problématique, Anvol avait lancé dès 2019 le Pacte Ambition Anvol 2025. « La plupart des objectifs fixés par le Pacte (voir encadré), ont été atteints et ce, avant l’échéance ». Les objectifs construits sont au nombre de six et ont été créés pour l’horizon 2025. « Aujourd’hui, 74 % des élevages sont équipés d’un accès à la lumière naturelle, l’objectif affiché était de 50 % . Et désormais, 95 % des élevages sont engagés dans la charte Duralim [pour une alimentation durable ne contribuant pas à la déforestation, dans les élevage], nous avons donc presque atteint notre objectif de 100 % d’ici à 2025 », précise Yann Nédélec, président d’Anvol. Selon l’interprofession, l’importation des volailles reste cependant importante, le poulet étant le produit de la filière le plus importé avec 3,2 % d’augmentation en 2023.
L’importation, la bête noire de la filière
« Les exigences de productions entre la France et les pays exportateurs ne sont pas les mêmes, ce qui empêche la production française d’avoir plus de poids sur le marché », affirme Yann Nédelec. Selon Anvol, la hausse de l’importation est encore plus importante pour les produits découpés ou transformés notamment à cause « d’ une traçabilité difficile à reconstituer ». L’interprofession a énoncé des propositions pour revenir vers « plus de souveraineté alimentaire ». Parmi elles, la mise en place de clauses miroir ou encore l’arrêt des discussions autour de l’accord de libre-échange Mercosur. La demande de l’interprofession est claire : « les exigences de productions doivent être les mêmes pour toute la volaille qui arrive sur le marché français ». Le président d’Anvol demande également « une plus grande visibilité de l’origine de la viande notamment sur les produits des restaurants et sur les étiquettes des produits se trouvant dans les magasins ». D’autres réglementations ont également été évoquées, notamment sur le bien être animal ou encore les émissions industrielles. « Les actions portées par exemple par L214 n’aident pas notre cause. Surtout quand l’on sait que nos poulets français sont élevés dans des exploitations 4 à 5 fois plus petites que celles du reste de l’Europe », martèle Yann Nédelec.
La filière volaille, une filière diversifiée mais en difficulté
La filière volaille connaît depuis plusieurs années de nombreuses crises autant sociales (notamment sur le bien être animal) que sanitaire avec la grippe aviaire. Selon l’interprofession, les filières Label Rouge et Bio connaissent plus de difficultés que les autres, notamment à cause de leur cahier des charges. « Nous avons eu une augmentation des productions grâce au recul de l’influenza aviaire », précise le président sur une note plus positive. La filière est également décrite comme la plus diversifiée à l’échelle française : « Nous produisons du poulet mais aussi de la dinde, du pigeon, de la pintade… Ce qui est caractéristique de la France », affirme Bernard Tauzia, président du Synalaf (Syndicat professionnel pour la défense et la promotion des volailles fermières Label Rouge et biologiques ), lui même producteur de volaille depuis 40 ans. Les fêtes de fin d’années ont par ailleurs vu une hausse de la consommation des produits dits « haut-de-gamme » tels que la pintade ou la dinde. « Nous sommes conscients de l’enjeu sociétal et environnemental actuel et c’est pourquoi nous travaillons actuellement sur une piste de réflexion pour un objectif à l’année 2030 », conclut le président d’Anvol.
Les 6 objectifs fixés par le Pacte Ambition Anvol 2025:
-un accès à la lumière pour 50% des élevages (objectif déjà atteint : aujourd'hui 74% y ont accès) ;
- 100% des élevages engagés dans l'amélioration des bonnes pratiques ;
- moins 60% d'antibiotiques en 15 ans (objectif atteint avec moins 72% d'antibiotiques en 11 ans) ;
- zéro déforestation pour une alimentation sure et durable (pour l'instant 95% des élevages sont engagés dans la charte Duralim);
-maintien des élevages familiaux ;
-répondre à toutes les attentes de tous les circuits.